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L’Église et “#KotKobPetroCaribeA ?”

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Imaginons un instant, vous entrez dans un lieu de culte, et vous voyez afficher sur une grande banderole au centre du batiment : “#KoteKobPetroCaribeA ?”, en signe de support au mouvement #PetroChallenge, qui exige, entre autres, un procès juste et équitable sur l’utilisation des fonds Petro Caribe. Quel impact cela ferait sur vous ? Certainement, les réactions seraient diverses et iraient dans des sens différents, voire opposés. Alors que certains verraient en cela un signe d’apostasie, d’autres l’interprèteraient comme une église qui s’implique dans sa communauté.

En fait, la question “#KoteKobPetroCaribeA ?” qui continue à être posée, notamment avec la publication du « deuxième rapport de la Cour relatif à l’enquête sur l’affaire Petro Caribe » de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), en date du 31 mai 2019, fait pointer la bouche de l’Eglise du doigt. Pour plus d’un, ce rapport (qui épingle même le Président de la République qui devrait être au-dessus de tout soupçon aux regards des prescrits de la Constitution) devrait porter l’Église, en tant qu’institution, à réagir ; concrètement, à soutenir le Petro Challenge.

Le dossier Petro Caribe

Pour rappel, le dossier Petro Caribe s’agit d’un vaste scandale politico-économique de corruption et de détournements de fonds publics d’un montant de plus de quatre milliards de dollars américains dans le cadre d’une coopération entre la République d’Haïti et celle du Venezuela. Ces fonds devraient servir à des projets de développement durable en Haïti, le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, où 78% de la population vit sous le seuil de pauvreté absolue et 56% dans une pauvreté extrême. Et, parmi les dégâts  de cette catastrophe de dilapidation, nous ne pouvons omettre la disparition des vies humaines et la violation des droits fondamentaux de l’être haïtien.

Le mouvement Petro Challenge

Le mouvement Petro Challenge semble être le cri de désespoir d’un peuple fatigué des moqueries de ses dirigeants voraces, c’est l’expression de la volonté d’une justice sociale pour tous, c’est le désir de l’établissement d’un réel État de Droit, et d’une société inclusive. C’est également un appel au respect du huitième commandement interdisant le vol : « Tu ne déroberas point »(Exode 20.15), et aux hommes d’État et à leurs partenaires à réformer leur voie, et à partager de façon équitable des ressources (Luc 3.11).

Le Petro Challenge, une lutte sociale

Si au départ le dossier Petro Caribe paraissait une simple question de crime financier que les organes nationaux et internationaux de justice n’avaient qu’à prendre en charge, maintenant ce n’est plus le cas. L’instrumentalisation des organes nationaux de justice et la corruption systématique qui en empêchent, à date, la tenue d’un procès équitable, transforme ce dossier en une lutte sociale de trop sur le territoire national. L’Église, faisant partie du corps social,  et  ayant une mission sociale, ne devrait rester indifférente face aux luttes sociales. Car, tôt ou tard, de près ou de loin, elle en serait affectée – nous sommes dans l’effet domino.

L’Église et les luttes sociales

Il faut retenir qu’à travers des siècles d’histoire, l’Église n’a jamais participé dans des luttes sociales au profit des masses populaires, son camp a été toujours la classe des gens aisés. Cela s’explique par l’Étatisation de l’Église, sous une forme d’union entre l’Église et l’État ; et l’État n’était pas les défavorisés, mais les nantis. Cependant, la Réforme a beaucoup changé, notamment au sein de la branche Réformée de l’Église, dite Eglise Protestante. Toutefois, en Haïti, hormis les œuvres caritatives et les activistes communautaires chrétiens, on tarde à ressentir une Église qui participe dans des luttes sociales.

Une Église Petro Challenger

L’Eglise a de nombreuses raisons de supporter la lutte des Petro Challengers, ou encore de devenir Petro Challenger, et agir activement pour aider la population haïtienne à trouver une vraie réponse à la question “#KoteKobPetroCaribeA ?”, tout en aidant à récupérer ce qui est récupérable. Nous allons considérer seulement trois d’entre elles :

  1. La dilapidation des fonds Petro Caribe c’est de l’injustice contre une nation toute entière. Elle traduit clairement une oppression de la population, une violation du droit des plus faibles et une attaque aux miséreux qui vivaient déjà de la crasse dans la crasse. C’est la violation de la dignité du peuple. Et l’Église a cette vocation de rechercher la justice, de protéger l’opprimé, de faire droit aux plus faibles et de défendre les miséreux (voir Esaïe 1.17).
  2. La population, à cause de la mauvaise gestion de ces fonds, est devenue non seulement plus pauvre, mais est aussi endettée. Et plus les fidèles sont financièrement pauvres, plus l’Église sera financièrement pauvre et moins elle aura de moyens financiers pour répondre à sa mission. Et moins elle a de moyens pour répondre à sa mission, plus elle est scandalisée.
  3. La mauvaise gestion des fonds Petro Caribe ont affaibli l’État dans toute son intégralité. Plus un État est faible, plus la liberté religieuse est violable. Or, toute violation de liberté entraine d’autres violations d’autres libertés. Là, où il y a des violations l’Église ne peut véritablement refléter l’image de son Chef, le Christ, qui a lutté pour le respect des Droits Humains.

Une Église non Petro Challenger

En considérant les raisons sus-évoquées, on peut facilement affirmer que l’Église doit soutenir tout mouvement de reddition des comptes. Cependant, en considérant d’autres paramètres, l’on verra que l’Église a un certain recul à prendre face à ce mouvement.

  1. Un vrai procès du Petro Caribe aboutira certainement à des emprisonnements massifs des coupables, et à la dégradation de la dignité des criminels et de leurs complices. Or, le message de l’Église est un message de pardon pour les coupables, de liberté pour les prisonniers et de la restauration de la vie des criminels. De Jésus à Etienne, la prière pour les bourreaux était le pardon. À l’image du Christ, en aucun cas, aucune sanction ne peut être exigée par l’Église contre les personnes reconnues coupables, surtout si elles ont fait preuve d’un repentir sincère.
  2. Ceux qui ont dilapidé les fonds  Petro Caribe sont les ennemis de la nation, implicitement les ennemis de l’Église. Les ennemis mériteraient d’être traités en ennemis. Mais, ils méritent un amour parfait de l’Église. « Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » – Matthieu 5.43, 44.
  3. Qui assurent le leadership du mouvement ? Qui le financent ? Quelles sont les véritables intentions de ses auteurs intellectuels ? Quelles sont les méthodes, valeurs et croyances et croyances de ses supporteurs ? Il y a de ces questions auxquelles l’Église ne trouvera jamais réponse. « […] comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes » – Matthieu 10.16.

La position de l’Église

Considérant les enseignements bibliques sur le traitement des personnes, le principe du pardon et les avertissements et recommandations de Christ, il parait que l’Église devrait :

  1. Adopter une position de sagesse qui protège à la fois la chèvre et le chou, tout en faisant la promotion de l’Évangile de la Restitution au quadruple (Luc 19.8).
  2. D’avertir nos gouverneurs de leur méchanceté pour que Dieu ne lui redemande leur sang (voir Ezéchiel 3.18, 19).
  3. Inviter la nation à craindre Dieu (voir Apocalypse 14.6, 7 ; Proverbes 8.13).

Et les membres ?

Si, en tant qu’institution l’Église a des balises pouvant l’empêcher de se positionner en activiste dans le dossier Petro Caribe, elle ne peut prendre le rôle de la conscience de ses membres. Ce qui signifie, qu’elle ne peut contraindre aucun de ses membres qui subit les conséquences de ce crime, à ne pas participer [activement] dans des mouvements pouvant aboutir à la tenue du procès. Car, le chrétien, en tant que citoyen, peut exercer ses droits civiques en toute liberté et justice.

Vers un monde parfait

Alors que Jésus nous promet d’anéantir, à jamais, le mal dans l’univers. Nous avons à prier et à œuvrer pour que son règne vienne; que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel (Matthieu 6.10). Prions et agissons pour que nos gouvernements soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Timothée 2.4).

La Rédaction – AlelouyaORG


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Gabriel Exantus

Donner à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Déclaration de Jésus-Christ notre sauveur lorsqu’on lui posait des questions concernant la gestion des finances de l’État afin de lui piéger en l’impliquant dans les affaires de l’État. Donc, le Christ par cette déclaration a mis l’église en garde face à de telle implication et étant institution à caractère spirituel qui a pour mission uniquement d’annoncer l’évangile du Christ tout en suivant son exemple est APOLITIQUE. Oui, si l’église doit s’intégrer dans les affaires “pétro challenge” qui concerne notre pays, il doit le faire que par de ferventes prières adressées à Dieu.