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Le génocide des Cananéens dans la Bible : quel justificatif ?

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« La violence dans l’extermination des cananéens  aux regards de la notion moderne du génocide, et ses implications pédagogiques, une étude analytique et herméneutique ». – par Lucens Joseph

Plus d’un,  en lisant le récit de l’évènement de la destruction des cananéens  dans le Pentateuque pourrait aisément croire qu’il s’agit d’un texte purement théologique et que les sciences de l’éducation n’a pas sa place dans un texte qui explique  les relations de Dieu avec ses enfants. Pourtant après le travail herméneutique effectué  autour de ce sujet ; certaines analyses nous permettent de comprendre que cet évènement nous aide à voir des notions éducationnelles très profondes.

Cette destruction au regard de la notion moderne du génocide nous montre que Dieu est l’éducateur par excellence et qu’il tient encore les ficelles de l’histoire, des théories reconnues des siècles  après cette destruction. Nous voyons aussi que cela implique une notion de pédagogie très profonde qu’est la pédagogie explicite, et aussi l’origine de la démocratie. Cette destruction est par-dessus tout  un outil pédagogique de Dieu pour enseigner les israélites, les cananéens, et les autres nations avoisinantes des dimensions du caractère de Dieu et aussi la stratégie de Dieu pour sauver la terre.

Comment comprendre la violence exercée dans le récit de l’extermination des cananéens ? Une lecture rapide sur la destruction des cananéens peut prêter à équivoque sur le caractère de Dieu, mais l’herméneutique sur ce sujet nous permet de comprendre que cette destruction est particulière dans l’histoire de l’humanité puisque ce ne sont pas les israélites qui voulaient satisfaire leur ambition pour une raison ou pour une autre mais, cette destruction a été dictée par Dieu du commencement à la fin.

Dieu a voulu empêcher qu’Israël pratique l’idolâtrie, cette destruction était aussi un moyen d’évangélisation Dieu a voulu montrer aux nations avoisinantes la puissance de Dieu, sa souveraineté. Nous comprenons aussi que cette destruction a été le résultat de la promesse de Dieu envers Israël, elle a été aussi le résultat du jugement de Dieu mais aussi et surtout un moyen pour Dieu de préserver l’identité d’Israël  pour sauver le monde au travers d’eux.

Nous comprenons qu’il ne s’agissait pas d’une injustice si nous tenons compte du contexte de la patience de Dieu en donnant 400 ans au cananéens de se repentir, le contexte géographique aussi qui montre que cette terre appartenait à Israël il était de leur droit de le revendiquer. Les cananéens voulaient à tout prix détruire la création de Dieu, et le Seigneur pour sauver la terre ne laisse aucun empêchement humain détourner ses plans pour l’humanité.

Au regard de cette destruction peut-on admettre la violence aujourd’hui  chez les adeptes de la chrétienté par souci de défendre leur Dieu ? La violence moderniste est différente de la violence exercée à l’époque des cananéens. Au regard de la civilisation sumérienne, assiéger une nation en détruisant tout ce qui fait sa fierté n’était pas une mauvaise action. C’était tout simplement  pour  les nations un moyen de montrer la suprématie de leurs  dieux et aussi d’augmenter leurs  richesses.

Avec l’apparition des nouvelles formes de civilisation l’homme commence à définir des choses anciennes sous de nouvelles perceptions. Ses nouvelles perceptions permettent de voir la violence avec de nouvelles lunettes.  Dans l’histoire du peuple d’Israël, c’est Dieu qui a toujours eu la commande de la guerre, et à chaque fois qu’Israël tente de lutter sans l’autorisation de Dieu, elle  toujours  vaincue.

Nous voyons 13 caractéristiques  de la particularité  de cette destruction qui montre que cela n’a pas été la décision du peuple pour conquérir Canaan  mais c’était la décision de Dieu, un homme ne peut pas se permettre aujourd’hui de détruire au nom de Dieu sous le prétexte de prendre ce récit comme exemple puisque dans ce dernier tout a été dicté  par Dieu dans un contexte bien précis.

La particularité du génocide Cananéen des autres  destructions humaines

La guerre de Yahweh appelant au génocide a été articulée dans le cadre de l’Alliance mosaïque (Exode 23: 20-33, 34: 11-16 ; Deutéronome 7: 1-5, 20: 16-20). La poursuite de la guerre de Yahweh est enregistrée plus tard dans le matériel narratif entourant la conquête de Canaan (Josué 6: 1-27; 8: 1-29; 10-11; 1 Samuel 15: 1-23).

En cherchant à identifier un genre unique de destruction ou de guerre sainte, on fait appel  à une étude de Gerhard Von Rad faite  en 1951. Dans cette étude, Von Rad a identifié divers éléments présents dans l’idéologie de la guerre sainte d’Israël ou de toutes les tentatives de destruction d’Israël dans le souci d’obéir à Dieu. Von Rad a énuméré les 13 caractéristiques suivantes :

  1. D’abord, une trompette a été soufflé afin d’annoncer la guerre sainte (Juges 3:27, 6: 34-35; 1 Sam 13: 3).
  2. L’armée a été nommée «peuple de Yahvé» (Juges 5:11, 13;20: 2).
  3. Les participants à la guerre ont été consacrés (Nombres 21: 2, Deut 23: 9-14, Josué 3: 5; Juges 11:36; 1 Samuel 14:24; 21: 5; 2 Samuel 1:21; 11: 11-12).
  4. Il y avait un sacrifice à Yahweh. En plus de ce sacrifice ou parfois comme une alternative au sacrifice, Yahweh a été consulté (Juges 20:23, 26, 27, 1 Samuel 7: 9, 13: 9-10, 12, 14:8-9, 2 Samuel 5:19,23).
  5. L’annonce de la victoire a été donnée. La phrase : « J’ai donné … dans votre main », ou une phraséologie similaire a été utilisée (Josué 2:24, 6: 2, 16, 8: 1, 18, 10: 8, 19, Juges 3:28; 4: 7, 14; 7: 9, 15; 20:28; 1 Samuel 14:12; 23: 4; 24: 5; 26: 8; 1 Rois 20:28).
  6. L’annonce que Yahvé sortirait avant que l’armée ne soit donnée (Deutéronome 20,4, Josué 3:11; Juges 4:14; 2 Samuel 5:24).
  7. On a prétendu que la guerre était  « la guerre de Yahvé ». Par conséquent   l’ennemi est « l’ennemi de Yahweh » (Exode 14: 4, 14, 18, Deutéronome 1:30, Josué 10:14, 42;11: 6; Juges 20:25; 1 Sam 14:23).
  8. L’encouragement « ne pas avoir peur » a été donné. La raison de ces encouragements était que l’ennemi perdrait plutôt courage (Exode 14 : 13; Deutéronome 20: 3; Jos 8: 1; 10: 8 25; 11: 6; Juges 7: 3; 1 Samuel 23: 16-17; 30: 6; 2 Samuel 10:12).
  9. La crainte de Yahvé parmi les ennemis est enregistrée (Exode 15: 14-16, 23: 27-28, Lévitique 26:36; Deutéronome 2:25; Josué 2: 9, 24; 5: 1; 7: 5; 10: 2; 24:12; 1 Samuel 4: 7-8;28: 5).
  10. Le cri de guerre a été donné (Josué 6: 5, Juges 7:20, 1 Samuel 17:20, 52).
  11. Il y avait l’intervention de Yahweh impliquant la frappe de la terreur dans le cœur de l’ennemi (Exode 23:27, Deutéronome 7:23, Josué 10: 10-11, 24: 7, Juges 4:15, 7:22, 1 Samuel 5:11, 7:10; 14:15, 20).
  12. chērem. Etait la pratique de “l’extermination”, cela impliquait le massacre de tous les hommes, femmes et enfants ennemis (Nombres 21: 2, Josué 6: 18-19, 1 Samuel 15).
  13. Au cours de cette période des troupes ont été renvoyées avec le cri « à vos tentes » (2 Samuel 20: 1; 1 Rois 12:16; 22:36).

Ces éléments élaborés par Gerhard Von Rad constituent un résumé exhaustif sur le caractère sacré de cette  destruction massive ordonnée par Dieu lui-même, ce qui fait une différence claire, nette et profonde  des autres destructions humaines. La destruction des cananéens est ordonnée par  Dieu, dirigé par Dieu, et aussi gagné  par Dieu.

La présence de Dieu dans cette bataille fait une démonstration très spirituelle qui est liée exactement à leur victoire puisque quand Israël se livre en bataille sans la permission et l’ordonnance de Dieu Israël est toujours vaincue, mais quand elle se livre en bataille au nom du divin il est toujours vainqueur.

Quel est le message spirituel du récit de la destruction massive des cananéens ?

La destruction des cananéens  traine derrière elle, un ensemble de leçons spirituelles qui transcendent la bible et l’histoire du monde. Cette destruction s’inscrit dans le cadre du grand conflit cosmique entre Dieu et Satan  où l’objectif de l’ennemi est de contrecarrer par tous les moyens possibles les plans de Dieu. L’une des méthodes efficaces que Satan  a pu  utiliser dans l’Ancien Testament était de gangrener les nations de la terre dans l’idolâtrie et ainsi d’annuler dans l’esprit de l’homme la croyance du vrai Dieu et ainsi il pourra diriger la terre à sa guise.

Dans la promesse qui a été faite après le péché le Seigneur avait un plan qu’il devait réaliser pour le bien être de l’humanité, cette destruction ne concerne  pas seulement  cananéen et israélite, c’est  une bataille entre Dieu et Satan. Dieu à utiliser tous les moyens possibles malgré les faiblesses d’Israël pour conserver une race dans laquelle la transmission des valeurs liée au vrai Dieu soit toujours de mise pour la réalisation de son plan.

Dans l’Ancien Testament ce que Dieu faisait n’était pas un mal au contraire tout cela concourraient au bien être de l’humanité. Laisser les cananéens entrainer les israélites dans l’idolâtrie ou les assiéger aurait des conséquences graves puisque Israël était la postérité du Messie.

Dans le grand conflit cosmique  le caractère de Dieu aux yeux de l’univers est mis à l’épreuve  par conséquent le non réalisation de ses promesses ne fait que confirmer la thèse de Satan ; disant que Dieu est un menteur. Dans cette destruction Dieu agissait comme un véritable chirurgien, quand un médecin procède à une amputation il ne le fait pas avec un cœur joyeux mais  il le fait pour empêcher au reste du corps d’entrer en putréfaction. 

Le salut de l’humanité est tellement important pour Dieu qu’il n’a pas  préservé son propre fils a la mort, a combien plus forte raison  aurait-il  préservé des hommes pécheurs.  Détruire les cananéens n’est pas seulement une victoire géopolitique, ethnoculturel, et constitutionnelle, elle est surtout une victoire pour montrer que les plans de Dieu sont imprévisibles,  il fait tout ; en étant à la fois  un Dieu d’amour et juste.

Tiré du travail présenté par Lucens Joseph à l’Université Adventiste d’Haïti le 30 septembre 2018, pour l’obtention de sa grade de Licence en Théologie. Il a obtenu 97 sur 100.

Jean Carmy Félixon


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