Quand le silence est un acte criminel : Un appel urgent aux églises d’Haïti
La violence du Silence – La vie de King et du Christ parle encore
Le leader afro-américain des droits civiques, Martin Luther King, Jr., est bien connu pour sa doctrine d’action directe, la résistance non-violente.[1] King remarqua : « Les ténèbres ne peuvent pas chasser les ténèbres ; seule la lumière peut le faire. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l’amour peut le faire ». En utilisant ce principe, King et ses partisans ont plaidé en faveur de la déségrégation raciale, du vote et des droits civils des Afro-Américains aux États-Unis.
La résistance non violente n’était qu’une stratégie. Peu sont familiers avec la doctrine du KIng sur la violence du silence. King, réalisant que les Afro-Américains seuls ne pourraient parvenir à la déségrégation, invita d’autres personnes de bonne volonté à se joindre à la cause tout en condamnant ceux qui, par leur silence, contribuaient à perpétuer le système de discrimination raciale. Ainsi naquit la doctrine du King sur la violence du silence.
Alors qu’il était emprisonné pour avoir protesté contre la ségrégation, King, depuis sa cellule, réprimanda ses collègues ministériels blancs. Dans sa « Lettre d’une prison de Birmingham », King écrivit : « Nous devrons nous repentir de cette génération non seulement pour les paroles et actions odieuses des mauvaises personnes, mais pour le silence effroyable des bonnes personnes ».[2] Cette violence du silence peut être trouvée à la fois dans la Bible et dans l’histoire Adventiste du Septième Jour. Mais l’antidote se trouve en Christ.
Le silence de Pierre
C’était une nuit qui resterait pour toujours dans l’infamie. Lorsque Jésus a prié pour les péchés de ses ennemis, ils sont venus l’arrêter. En ces derniers jours, la foule grandissante s’était rassemblée autour de Jésus dans la cour du temple. La peur de perdre le pouvoir politique et les désaccords sur la doctrine religieuse ont engendré une haine qui conduirait à la mort. Caïphe a utilisé le discours de haine pour rallier sa base menacée au crime odieux de crucifier notre Seigneur. C’était un acte de terreur religieuse et politique. Le contraste entre l’amour et la haine n’aurait pas pu être plus frappant. La Bible enregistre la transcription du procès:
« Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront détruire et notre ville et notre nation. L’un d’eux, Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien ; vous ne réfléchissez pas qu’il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas » (Jean 11.48-50).
Les mots comptent. Les paroles du Christ ont toujours inspiré la vie. Mais les paroles de Caïphe incitèrent à la violence et à la mort. Ainsi, dans un jardin obscur, des agents de la mort armés sont venus arrêter Jésus, le prince de la vie. Les mots comptent.
Même la parole est plus facile à voir que le silence. Mais, les discours haineux violents ne peuvent pas vaincre les subtilités du silence violent. La violence du silence se produit quand on devrait parler mais on ne le fait pas. Quand on se tait face au mal et à l’injustice, ou quand on se cache pour des raisons de commodité ou d’opportunités, la passivité subtile du silence peut être aussi meurtrière que la commission d’un acte violent.
La nuit de l’arrestation de Christ, il y avait non seulement le violent discours de haine de Caïphe, mais aussi le violent silence du refus de Pierre de parler pour son Seigneur. Quand il aurait dû se tenir avec Christ, Pierre le renia. Pierre aurait pu témoigner au sujet de Celui qui avait guéri sa belle-mère et lui avait appris à marcher sur l’eau, qui avait ressuscité les morts et ouvert les yeux de l’aveugle. Mais aucune voix de soutien ne pouvait être entendue.
Au cours de la plus grande crise morale de l’univers, le soutien de Pierre échoua car il se convainquit que s’il n’était pas celui qui giflait Christ, il était exempt de culpabilité. Comme le faisait remarquer King, « La mesure ultime d’un homme ne réside pas dans ses moments de confort et de commodité, mais dans ses moments de défi et de controverse ».[3]
Le silence de l’Église
Après l’attaque ennemie de Pearl Harbor en 1941, le président américain Franklin Roosevelt a déclaré que les personnes d’origine japonaise constituaient une menace pour la sécurité. Entre 100 000 et 120 000 personnes, y compris des centaines d’Adventistes du Septième Jour, ont été placées dans des camps d’internement à travers les États-Unis. Un interné adventiste, Richard Iwata, a appelé le président de la Conférence générale, J. L. McElhany, à faire une déclaration au sujet de l’injustice commise à l’encontre des Américains d’origine japonaise. Iwata a écrit : « Un principe ressort avec audace au milieu de l’agitation de l’évacuation… Les privilèges légitimes en tant que citoyens américains [ont été] supprimés par la discrimination raciale ».[4]
Le compte rendu de la réunion des officiers, six semaines plus tard, indique cette réponse déplorable : «Il est convenu que le président tient à informer Richard Iwata que nous ne pensons pas qu’en tant qu’organisation religieuse, nous pouvons intervenir dans les affaires mentionnées dans sa correspondance, car elles sont essentiellement de nature politique ou gouvernementale ».[5]
La doctrine de King critique ce silence. « L’histoire devra enregistrer que la plus grande tragédie de cette période de transition sociale n’était pas la clameur stridente des mauvaises personnes, mais le silence effroyable des bonnes personnes ».[6]
Lors de la montée du parti national-socialiste en Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux membres de l’église soutinrent le régime d’Hitler ordonné par Dieu. En raison de « son dévouement personnel et son abstinence du thé, du café, de l’alcool et de la viande, pratiques partagées par les adventistes… il a été accueilli comme un sauveur ».[7] Le président de la Conférence de l’Est de l’Allemagne a fait valoir que c’était mauvais pour l’image de l’Église lorsque certains membres refusent de saluer le drapeau à croix gammée ou d’utiliser le salut Hitler. En fin de compte, l’Église Adventiste d’Allemagne dirigerait le programme d’aide sociale allemande, soutiendrait la stérilisation forcée et exclurait les personnes d’origine juive de sa confrérie.[8] Bien qu’il y ait eu une certaine résistance au régime nazi dans l’Église, beaucoup se sont tus.
Que l’attitude soit née de l’opportunité, de la lâcheté ou de la politique, le silence a parlé fort. Les paroles de King offrent une sévère réprimande : « Celui qui accepte passivement le mal y est aussi impliqué que celui qui aide à le perpétrer. Celui qui accepte le mal sans protester contre celui-ci coopère vraiment avec lui ». [9]
Briser le silence
Aux États-Unis, parler a conduit à des actes de violence indescriptible. Lors d’un culte de sabbat le 27 octobre 2018, un homme armé d’un fusil d’assaut et de trois armes de poing a crié des insultes antisémites et a ouvert le feu à l’intérieur de la synagogue Tree of Life de la ville de Pittsburgh. Il a tué onze fidèles, et blessé quatre policiers et deux autres.[10] Trois jours plus tôt, un assaillant armé avait tenté de pénétrer dans la First Baptist Church, une église à majorité afro-américaine, située à Jeffersontown, dans le Kentucky. N’ayant pas accès, l’homme blanc s’est rendu dans une épicerie locale, où il a ciblé et tué deux clients afro-américains.[11]
Au cours de la même semaine, une série de bombes artisanales ont été envoyées par courrier aux domiciles des anciens présidents Barack Obama et Bill Clinton, ainsi qu’à des législateurs, militants et leaders politiques et du renseignement américains en exercice.[12] Le 2 octobre 2018, des particules de ricin ont été détectées dans un courrier adressé au Pentagone au secrétaire à la Défense, James Mattis, et au chef des opérations navales, John M. Richardson.[13]
Il est possible de soutenir que ces événements n’étaient que la création de loups solitaires déments. Cependant, il est raisonnable de reconnaître chacun de ces incidents comme des représentations de la haine. Les victimes des menaces et des attaques ont été ciblées en raison de leur religion, de leur appartenance ethnique ou de leur appartenance politique. Le spectre terrifiant de la bigoterie ouverte erre maintenant à l’étranger, alimenté et guidé, entre autres choses, par un discours vitriolique public. Et bien que les histoires répétées ici proviennent du contexte américain, le fanatisme et l’hostilité religieux, ethniques et politiques ne se limitent pas à un seul pays.
« La mesure ultime d’un homme n’est pas où il se trouve dans des moments de confort et de commodité, mais où il se trouve en cas de défi et de controverse ». – Martin Luther King, Jr.
Pour les chrétiens, il s’agit d’un moment charnière. Il nous met au défi de parler au nom du Prince de la paix, de répudier bruyamment les démons de la violence et de la haine. Nous ne devons pas nous taire. Nous ne pouvons pas nous mettre à l’abri et prétendre que si nous choisissons de l’ignorer, cela n’existe pas. Nous ne pouvons pas non plus dire que travailler pour l’amour contre la haine est au-delà de la compétence de Jésus et de son Église. Nous ne pouvons pas non plus nous retirer dans le pacifisme apocalyptique en affirmant que toutes ces choses ne sont que des signes de la fin et que Jésus va tout régler à son retour. La montée de la haine est un signe des temps. Nos rues sont tachées de sang, nos enfants tremblent de peur et le mal défile avec des flambeaux de terreur dans nos parcs. Des personnes réelles meurent. Si nous choisissons de nous taire, notre silence est un consentement au mal.
Inviter notre Dieu à agir mais refuser d’agir lorsque Dieu nous appelle est une schizophrénie spirituelle. Non seulement Dieu est touché par l’injustice, mais Dieu agit contre l’injustice. Les Écritures nous apprennent que, en période de crise morale et spirituelle, non seulement Dieu agit, mais il incite également les gens à agir.
Dieu a appelé Moïse à demander au souverain le plus puissant du monde la libération des captifs Hébreux. Dieu a appelé Esther à déjouer le complot du génocide visant à détruire les Juifs perpétrés par le raciste Haman. Chacun de ces gens était arrivé à un moment moral lorsqu’il a fallu accepter l’appel de Dieu à parler. Le silence aurait été de la violence.
Christ notre exemple
Lorsque le péché est entré dans le monde, Dieu aurait pu rester silencieux et lui permettre de suivre son cours mortel jusqu’à ce que l’humanité soit auto-effacée. Au lieu de cela, Dieu est intervenu et Dieu le Fils a déclaré : « Alors je dis: Voici, je viens Avec le rouleau du livre écrit pour moi. Je veux faire ta volonté, mon Dieu! Et ta loi est au fond de mon cœur. J’annonce la justice dans la grande assemblée; Voici, je ne ferme pas mes lèvres, Éternel, tu le sais! » (Psaume 40.7-9). Le Christ est entré dans la crise, déclarant l’amour dans un monde de haine, la paix dans un monde de guerre, l’espoir dans un monde de désespoir, la vie devant la mort. Et 2 000 ans après son ascension, le Christ parle toujours au-dessus du vitriol des petits esprits et le langage de son amour est plus grand que celui du fanatisme et de la haine.
Chaque personne, chaque génération doit faire face à son moment moral. King affronta le moment moral sur un balcon à Memphis, dans le Tennessee; Rosa Parks a affronté le moment moral dans un bus à Birmingham, en Alabama. Heather Heyer a affronté le moment moral dans une petite rue de Charlottesville, en Virginie.
C’est notre moment moral. Nous devons répondre à l’appel et choisir une réponse. L’appel peut venir à chacun de nous d’une manière différente. Je n’ose pas être assez audacieux pour limiter la façon dont Dieu parle ou déclarer comment il doit vous parler. Mais je serai assez hardi pour dire que Dieu parle et qu’il cherche toujours une réponse. Concluons avec les mots de King : « Il arrive un moment où il faut prendre une position qui n’est ni sûre ni politique ni populaire, mais il faut prenez-le parce que sa conscience lui dit que c’est juste ».[14]
Source : Adventist Review
La Rédaction – AlelouyaORG
[1] Martin Luther King, Jr., in Strength to Love (Minneapolis: Augsburg Fortress Publishers, 1981).
[2] Martin Luther King, Jr., “Letter From the Birmingham Jail,” Apr. 16, 1963. Retrieved from kinginstitute.standford .edu/king-papers/documents/letter-birmingham-jail.
[3] Martin Luther King Jr., On Being a Good Neighbor, The Papers of Martin Luther King, Jr. (Stanford, Calif.: King Institute, 2007), Volume VI.
[4] Richard Iwata to J. L. McElhany, May 1, 1943, General Conference Archives.
[5] Bill Knott, “Prisoners of Hope: They Were Deprived of Their Liberty in the Land of the Free,” Adventist Review, Sept. 28, 2000, pp. 8-13 (1584-1589). Retrieved from archives.adventistreview.org/200-1544/story1.html.
[6] Martin Luther King, Jr., Address at the Fourth Annual Institute on Nonviolence and Social Change at Bethel Baptist Church,Dec. 3,1959. Retrieved from kinginstitute.stanford.edu/king-papers/document/address-fourth-annual-institute.
[7] Christine E. King, The Nazi State and the New Religions: Five Case Studies in Non-Conformity, (New York: Edwin Mellen Press, 1982), p. 92.
[8] Zdravko Plantak, The Silent Church: Human Rights and Adventist Social Ethics (New York: Macmillan Press and St. Martins Press Scholarly Division, 1998), pp. 17, 18.
[9] Martin Luther King, Jr., “Beyond Vietnam” speech delivered Apr. 4, 1967.
[10] Campbell Robertson, Christopher Mele, and Sabrina Tavernise, “11 Killed in Synagogue Massacre,”New York Times, Oct. 27, 2018.
[11] Didi Martinez, Ron Mott, and Jereen Imam, NBC News, Oct. 25, 2018, www.nbcnews.com/news/us-news/alleged-kroger-gunman-uttered-whites-don-t-kill-whites-witness-n924641.
[12] abcnews.go.com/US/explosive-device-maxine-waters-la-similar- obama-clinton/story?id=58737042
[13] “Ricin detected in mail sent to Pentagon, “ CNN, Oct. 2, 2018.
[14] Martin Luther King, Jr., “Remaining Awake Through a Great Revolution,” sermon delivered Mar. 31, 1968