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Tag: Numérique

Dieu innove-t-il pour transmettre son message ?

Au cours des siècles, Dieu innovait en communiquant tantôt d’une façon, puis d’une autre (Job 33.14).

Il utilisait alors différents médias, comme les visions, les événements, les situations. Il envoyait des intermédiaires qui parlaient en son nom. Dieu pouvait même parfois se taire (1 S 3.1) ! Jusqu’à ce que vienne le moment où il a choisi le summum des moyens pour pleinement se révéler : l’incarnation, la Parole se faisant chair (Jn 1.1) ! Assumant ainsi la vulnérabilité de l’humanité, le Dieu éternel s’est manifesté en un temps et un lieu donnés, intégrant une culture et ses us et coutumes, adoptant une langue et son système de penser.

Après le départ du Fils retourné auprès du Père, l’héritage transmis aux disciples a continué à se faire sur ce principe de l’incarnation, médiation choisie par Dieu, pour que la Parole continue à se faire entendre en d’autres endroits et époques.

C’est ainsi qu’a été communiqué par écrit en langue grecque l’enseignement araméen transmis oralement par les disciples, afin de permettre la propagation de l’Évangile dans un empire romain utilisant le grec comme lingua franca (langue internationale).

L’absence de langue sacrée pour le christianisme parlant dès l’origine plusieurs langues (Ac 2.8-12) a permis à l’inscripturation (la Parole faite écriture) de se déployer dans la diversité des langues qui participent ainsi au sens de la Parole. Dès les premiers siècles, l’Évangile a été lu et interprété en latin, en copte, en syriaque…

L’innovation apportée par l’imprimerie mécanisée a rendu possible une large diffusion de cette médiation au sein même de l’identité des nations naissantes.

Elle a mis à disposition des peuples une Bible traduite dans leurs langues encore en devenir. Ce qui s’est fait au détriment du latin européen qui avait rendu possible la diffusion des idées des réformateurs malgré la barrière des langues.

L’influence de la Bible de Luther sur la langue allemande et de la King James sur la langue anglaise suffit à rappeler le lien intime entre Parole de Dieu et culture des hommes.

La Réforme du XVIe siècle a été la réplique de la Pentecôte du Ier siècle, suscitant un même émerveillement : « Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? » (Ac 2.8)

L’innovation décidée par Dieu de se révéler en faisant le choix de la Parole faite chair nous amène nécessairement à un renouvellement constant si nous voulons rester fidèles à la mission qui nous a été transmise : « Ce que tu m’as entendu annoncer en présence de nombreux témoins, confie-le à des personnes dignes de confiance, qui seront elles-mêmes capables de l’enseigner encore à d’autres. » (2 Ti 2.2).

Le codex aura été la Bible 1.0 de l’ère chrétienne (déclinée en autant de versions : 1.1 latin ; 1.2 syriaque ; 1.3 copte…). Le livre imprimé aura été la Bible 2.0 de la Galaxie Gutenberg (déclinée en autant de versions : 2.1 allemand ; 2.2 français ; 2.3 anglais…).

Le monde numérique attend sa Bible 3.0 et sa déclinaison en diverses versions. Où sont les hackeurs « digne de confiance » qui continueront à innover pour que ceux qui parlent le langage informatique « entendent parler des œuvres de Dieu » (Ac 2.11) ?

Philippe de Pol • l’Alliance biblique française et HackMyBible