Radiation : le cas devrait être présenté à l’Église deux fois
De la nécessité d’impliquer l’Église entière dans le processus de récupération du membre, par la prière et d’autres soutiens, avant de présenter le cas à la radiation.
On est tous habitués à la procédure de radiation dans nos églises. Généralement, c’est au cours d’une réunion administrative ou un sabbat matin que les cas de radiation sont présentés aux membres d’église. Au même moment, après les formalités d’appui de la décision du comité et les remarques, on procède au vote. Et si c’est voté à la majorité, la personne est donc radiée de l’église. Dans certaines églises, fort souvent, les membres ne sont au courant du cas qu’au moment où il a été présenté, pour la seule et unique fois.
Les mesures disciplinaires, nous le savons tous, font partie de l’Administration ecclésiale. Entre autres, pour la sauvegarde de l’intégrité de l’Église, les manuels d’administration ecclésiale évoque une liste de cas qui nécessitent la radiation du membre fautif. Et le texte justificatif des mesures disciplinaires dans l’église est le passage de Matthieu 18.15-18. Et c’est toujours suite aux démarches du comité que l’on parvient à l’application de la mesure disciplinaire. Et l’Église semble être toujours absente dans le processus de récupération du membre.
Le texte de Matthieu 18.15-18
Voyons le texte de Matthieu 18. Avant tout, il faut souligner que nous n’allons pas aborder le fondement théologique du texte pour son application. Nous le citons parce que c’est le texte utilisé par l’Église dans ce cas. « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel ».
Le texte présente une marche à suivre en trois étapes avant que la personne soit considérée comme un païen et un publicain. Il y d’abord le dialogue (entre toi et lui seul), quand cela n’aboutit à rien, on passe à l’appel aux témoins, c’est la deuxième étape. Si l’appel à témoins ne parvient pas à récupérer l’âme, l’Eglise est informée et participe au processus. C’est après l’échec de l’Église, donc après que la personne ait refusé d’écouter l’Église, qu’elle sera considérée comme un païen et un publicain.
Dans nos coutumes administratives, il parait qu’on ne respecte jamais cette procédure dans l’intégralité. Généralement, nous nous arrêtons aux deux premières étapes. On essaie le dialogue, puis l’appel à témoins, et ces témoins sont souvent des membres du corps des anciens. Et c’est quand les témoins ont échoué que l’Église est informée, non pour tenter de récupérer le membre, mais pour décider de sa radiation. L’Église n’a pas cette possibilité de parler au membre.
Le principe de la représentativité
Pour appuyer leur décision de ne pas impliquer l’église entière dans le processus de la récupération, le principe de la représentativité est toujours évoqué. Selon ce principe, le comité de l’Église représente l’Église entière, donc, les quelques membres du comité qui essaient de récupérer le membre, représenteraient l’église entière. Ainsi, pour eux, les membres du comité d’église font le travail de l’église dans sa totalité.
L’incohérence dans ce principe de représentativité, c’est que ces représentants qui se considèrent comme l’église entière ne peuvent pas radier le membre sans le vote majoritaire de l’église. C’est comme Etat qui ne peut enlever la nationalité de son propre citoyens sans un référendum avec ses concitoyens. Si ces représentants croient qu’ils font la part qu’est incombée à l’Église en tant que corps, et excluent l’église dans le processus de récupération, pourquoi ne peuvent-ils pas procéder seuls à la radiation ?
Si le principe de représentativité est soutenu pour ne pas engager l’église dans les efforts de récupération du membre, il ne l’est quand il fallait tenir des campagnes évangéliques pour gagner ces les membres. Il était nécessaire d’impliquer l’église entière dans la prière et tous les autres efforts liés à l’évangélisation.
Dans le processus de récupération, la prière et les efforts de deux ou trois témoins/représentants, en aucun cas, ne peuvent et ne pourront remplacer ceux de l’église entière. Nous pouvons prendre en compte l’exemple du jeûne à Ninive et à Suze, et aussi l’appel du Seigneur qui demande au peuple de le chercher (2 Chroniques 7.14), il n’avait pas dit les représentants du peuple. Si le Christ avait estimé que les démarches des témoins seraient suffisantes, il n’aurait jamais demandé de présenter le cas à l’Église. Christ était clair : « Dis-le à l’Église », pour que l’église exécute sa part.
L’implication de l’église fait partie du processus décrit par le Seigneur, avant de considérer un membre comme un païen et un publicain.
L’acte d’amour dans les deux présentations
Dans nos procédures traditionnelles, les membres ne votent que sur la déposition des témoins-représentants. Les témoins-représentants disent que la personne est dans telle situation, et les membres n’ont pas cette possibilité de travailler à leur tour sur le cas, d’adresser des prières ferventes et constantes pour récupérer ce membre. On se retrouve à décider sur la déposition des témoins.
Lorsque le processus de Matthieu 18 est respecté, l’église entière a cette possibilité de participer dans la tentative de récupération du membre. Elle a cette possibilité de prier pour le membre, de lui apporter son soutien dans la mesure du possible. Elle ne vote pas sur la déposition des témoins, mais, après leur action ou leur indifférence sur le cas.
En guise de conclusion
En guise de conclusion citons le passage du Manuel d’Église à ce sujet.
« S’il refuse aussi d’écouter l’église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain » […] S’il résiste aux efforts qui sont faits pour le relever, c’est à l’église qu’incombe la responsabilité de le rejeter de son sein. Son nom doit être rayé des registres.
Aucun membre officiant d’une congrégation, aucun comité, aucune église n’a le droit de voter la radiation d’un membre avant que les instructions données par le Sauveur aient été suivies scrupuleusement. Une fois celles-ci fidèlement observées, l’église sera en règle avec Dieu. Le mal devra alors être présenté sous son vrai jour, et condamné pour qu’il ne se répande pas. Il faut veiller sur la santé et la pureté de l’Église, afin qu’elle puisse paraitre devant Dieu sans souillure, revêtue de la robe immaculée de la justice et de la vertu du Christ[1].
La Rédaction
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[1] Manuel d’Église, p. 48, Edisyon 2015, IADPA, Kolonbi