L’histoire « d’une homme chrétienne » contée par le théologien Keven Kelly Pierre

Tout allait bien entre Kelly et Malia[1]. Pour Keven, Malia est plus qu’un simple contact à l’église. C’est un mentor, une conseillère et une confidente. Mais, Malia gardait un grand secret qui allait être confié à Keven, quand ce dernier allait être le témoin oculaire d’un baiser mouillé entre Malia et une femme. Pour Keven, Malia est lesbienne. C’est que lui font voir ses yeux.

Malia, morphologiquement, est une très belle jeune femme. Plusieurs hommes tomberaient ou sont déjà tombés sous son charme. Ses longs cheveux, sa bouche, ses seins, sa voix… charmante comme elle seule. Malia est admirable. Mais, Malia aime les femmes. Notons que Malia est membre actif d’une église Adventiste en Haïti.

Officier d’église et ami de Malia, quelle position adopter ? Troublé, Keven ne sait quoi faire. Et, trois mois plus tard Malia montre à Keven ce qui était caché sous sa jupe : un pénis. Malia est un.e transsexuel.le ou un homme travesti qui aime des femmes ?

Enfant, Malia a été  présenté.e au Seigneur au temple adventiste comme un enfant mâle. Cependant, adolescente, Malia a reçu le baptême évangélique sous le sexe féminin. Pour tous ceux qui connaissent Malia, c’est la sœur Malia.

Après avoir vu l’imposant pénis, Keven allait savoir que Malia a aussi un vagin, en miniature. Malia est hermaphrodite ! Malia a un corps de femme, hormis son pénis, mais, mais est convaincu.e d’être un homme, et est attiré.e par des femmes. Cependant, ayant vécu sous le genre féminin une bonne partie de sa vie, surtout à l’église, elle accepte un rôle de femme quand elle n’est pas seule.

Ce double sexe est le lourd fardeau que porte Malia depuis son existence. «  À ma naissance, dit-elle avec larmes, Papa a ordonné à maman de me jeter à la Croix-des Bossales, ma mère a riposté… Alors que Maman célébrait mon sixième anniversaire de naissance, il lui réprimanda sévèrement à mon sujet, lui demandant de “cesser de faire semblant avec cette abomination”. Moi, une abomination ! »

« Pour papa je n’étais pas un enfant, mais une abomination. Maman a toujours lutté à mes côté, a souffert pour moi et avec moi. »

Le rejet par son père qui l’a conçu, le semblant d’être femme, les pressions sociales, sa copine qu’elle doit faire passer pour sa cousine… La vie de Malia semble être un enfer. Malia a été élevé.e comme une fille dans la tendre enfance. Malia a reçu le genre féminin par sa maman au regard de sa structure physique.

Selon son caryotype qui est XY, Malia est un homme. Malia veut être un homme. La chirurgie plastique lui offre cette possibilité d’avoir ce corps de mâle tant désiré, et Malia en a les moyens. Cependant, le sentiment religieux de Malia lui fait percevoir comme ‘abomination’ tout changement dans son corps. « On ne peut pas corriger Dieu ». « Dieu a une raison de me créer ainsi ».

En dehors de son sentiment religieux il y a aussi les conséquences de l’intervention chirurgicale, il faudra prendre des hormones masculine pour le reste de sa vie s’il veut garder un physique masculin, en particulier la testostérone qui dans certains cas cause la schizophrénie, et aussi après un certain nombre d’années il faudra dire adieu aux sensations physique, le désir sera là mais plus de sensations plus d’érection.

Malia n’est pas la seule personne hermaphrodite évoluant au sein de l’Église Adventiste en Haïti, mais qui n’arrive pas à s’y intégrer en tant qu’hermaphrodite. Malia en connaissait une autre, qui est morte.

La compassion éprouvée par le jeune étudiant en Théologie, Keven Kelly Pierre, envers Malia, l’a poussé à faire de sa situation le cas d’étude de sa thèse, autour du thème : « L’hermaphrodisme dans l’Église Adventiste du Septième Jour, une étude de cas » pour l’obtention du grade de licence à l’Université Adventiste d’Haïti, le 30 septembre 2018. Il a eu 98 sur 100.

Jean Carmy Félixon

[1] Malia est un nom d’emprunt, choisi par la personne en question.