J’irai au Parlement
“La lutte en faveur de la Liberté Religieuse n’est pas seulement fait de discours, de jeûnes et de prières, mais aussi de démarches administratives et d’initiatives juridico-légales.”
Il y a quelques années, un jeune s’est rendu dans une entrevue, pour l’obtention d’un emploi dans une multinationale. Malgré ses compétences et qualifications, malgré la note excellente obtenue dans les deux phases de l’épreuve, il n’a pas été retenu. Dans ce travail, il aurait droit à un jour de repos hebdomadaire. Il avait choisi le samedi qui est son jour de repos religieux, mais ce choix n’était pas approuvé par l’employeur, en dépit des ententes proposées à l’employeur. Plusieurs autres emplois ont été refusés à ce jeune chômeur qui a du mal à terminer un cycle d’études universitaires à cause de sa foi.
Le cas de ce jeune croyant évoquant la question de jour de repos, nous rappelle le récent débat sur les réseaux sociaux et les démarches de l’Office de la Protection du Citoyen en Haïti[1] lorsque le rectorat de l’Université d’État d’Haïti avait pris la décision d’organiser, une fois de plus, les concours d’admission dans la majorité de ses Facultés un samedi et un dimanche. Et, au nom de la laïcité et de son statut areligieux, malgré les agitations, le rectorat n’avait pas fait marche arrière.
La violation de la liberté religieuse est une réalité mondiale. De nombreuses personnes sont persécutées et se voient privés d’un nombre important de droits, à cause de leurs convictions religieuses. Au regard de cette réalité, pour une meilleure protection des droits de la personne, de nombreux gouvernements à travers le monde ont signé des conventions et pactes relatifs à la protection de la liberté religieuse. Cependant, l’absence de certaines lois « spécifiques », enlève tout aspect juridique à des violations liées à cette question. Ainsi, les victimes se retrouvent sans aucun recours.
Dans de nombreux États parfois régis par des formes de démocratie, à chaque fois que ces cas se présentent, soit on cherche une solution unique pour le cas précis sous une base de relations interpersonnelles, soit on appelle à la prière constante et/ou au jeûne. Et, les attentes ne sont pas toujours comblées. Rappelons-nous du fait que les solutions sont uniques, et sont périmées dans un cadre spatiotemporel.
La Bible nous offre quelques réactions de croyants lorsque leurs libertés, y compris leur liberté religieuse, ont été menacées. Nous nous contenterons de citer la reine Esther, au temps d’Assuérus. Alors qu’un édit de mort, au nom du roi, contre les juifs fut publié, la reine Esther, épouse légitime d’Assuérus et juive, sachant que c’est un édit qui en remplace un autre, fit publier un jeûne dans le seul but de faire révoquer l’édit par un autre édit (Esther 8.5). Et fit cette fameuse déclaration : « […] j’irai chez le roi malgré la loi. Si c’est pour ma perte, je périrai » (Esther 4.16).
Esther croit en la puissance de Dieu. Elle pourrait simplement faire jeûner, pour que Dieu donne aux juifs la force de supporter l’application de l’édit du roi, pour qu’ils ne perdent pas la foi. Mais, elle a décidé de créer un cadre légal protecteur pour son peuple, alors qu’au cœur de cette « Monarchie Absolue », elle n’avait ni pouvoir ni compétences pour proposer des [projets de] lois, voire d’en faire. Quel exemple pour nous aujourd’hui !
Le deuxième exemple c’est celui de Paul. Devant les menaces et persécutions liées à l’exercice de sa nouvelle religion, il s’est référé aux protections et privilèges juridico-légales auxquels il avait droit, à cause de sa nationalité romaine (voir Actes 16:38; 22:25 ; 25:10; 26:32). Non qu’il n’a pas prié. Il a prié quand il le devait, il a recouru au cadre juridique quand c’était nécessaire. Souvenons-nous que tout ce qui a été écrit, l’est pour notre instruction (voir Romains 15.4).
Le vide provoqué par l’absence de « lois spécifiques » pour protéger certains droits et libertés ne sera pas comblé que par le jeûne et la prière. Dans de nombreux pays où des citoyens ont vu menacer leur liberté religieuse, après la prière, c’est l’existence ou la création de « lois spécifiques » à leur cas qui les permet de jouir de ces droits et libertés. Ils sont nombreux les parlements, à travers le monde, qui ont ratifié et qui sont prêts à ratifier des « lois spécifiques » pour protéger certains droits et libertés. Mais, comme aux temps d’Esther, il doit y avoir quelqu’un qui doit se dire : « J’irai au Parlement ».
« J’irai au Parlement », pas avec les mains vides. « J’irai au Parlement », pas pour demander à un parlementaire d’établir des contacts pour l’obtention d’une solution unique, périmée sur le court-terme. « J’irai au Parlement » avec des projets de lois, conçus par ceux qui ont des compétences et qualifications en la matière, afin d’obtenir de nouvelles lois pour protéger la liberté religieuse. « J’irai au Parlement », ce devrait être l’engagement de chaque croyant, de chaque groupe religieux dont la liberté de religion est menacée.
La Rédaction
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[1] [1] https://lenouvelliste.com/public/index.php/article/191413/en-organisant-son-concours-dadmission-en-week-end-lueh-viole-t-elle-le-droit-a-la-liberte-religieuse