De vodouïsant à pasteur Adventiste du septième jour

L’histoire du Pasteur Daphnis Louverture

Par Shonly Bonel LAGUERRE

Il y a 47 ans de cela, soit en 1972, Daphnis Louverture est baptisé Adventiste du septième jour. 12 ans après, il devient Pasteur. Cet homme qui continue jusqu’aujourd’hui son ministère de pasteur adventiste est passé de vodouisant à Pasteur. Son histoire est racontée à travers cet article.

Son adhésion à l’Eglise Adventiste

« […] J’étais à Jérémie pour l’école. Un matin, alors que je venais de finir de me préparer pour aller à l’école, j’ai entendu frapper la porte de ma maison. J’ai ouvert la porte. J’ai vu un monsieur portant une cravate, accompagné d’une demoiselle. La fille, je la connaissais. Elle était catholique comme moi. Mais, Le monsieur, non. C’est la fille qui l’a accompagné jusqu’à  moi. Surpris,  je demandais au monsieur, qu’est-ce-qui se passait. C’est à ce moment qu’il m’a appelé par mon nom, en disant : ‘Daphnis Louverture, Dieu m’a envoyé te chercher. Samedi matin, Habille-toi ! Je passerai te prendre pour aller à l’église’ Sans rébellion, j’ai fait ce qu’il m’avait dit. Samedi, je me suis rendu à l’église avec lui… »

Nous sommes en octobre 1972. Ce jour-là, c’était le début d’une toute nouvelle vie pour Daphnis Louverture. Né d’une famille vodouisante et catholique à la fois. « Mon père était un prêtre vodou. Mais, la famille allait à l’église catholique tous les dimanches. On pratiquait le vodou », raconte Daphnis qui voulait devenir prêtre catholique dès son enfance.

Après sa première visite à l’église avec le monsieur, il continuait à y aller tous les samedis. Pendant cette même période,  des dirigeants de l’église faisaient une étude approfondie de la Bible avec lui.

Sans parler à sa mère, ni à son père, il décide de devenir Adventiste du septième jour en se faisant baptiser  le premier sabbat du mois de novembre de l’année 1972. Dès son baptême, Dieu commence à marquer son ministère. « Alors qu’on était en train de me baptiser, j’ai entendu le cri d’une femme dans l’assistance. C’est la demoiselle catholique qui accompagnait  le monsieur. Elle disait d’une voix forte : Je veux aussi me faire baptiser. Car, c’est moi qui ai emmené te chercher. Je ne veux pas rester dans l’ombre et te laisser sauver si Jésus viendrait aujourd’hui. – C’est alors, qu’elle fut aussi baptiser le même jour », raconte pasteur Louverture d’un air joyeux. La femme s’appelle Ewaldin Jean Baptiste. Elle milite encore au sein de l’Eglise Adventiste du septième jour. 

Entre ironie, persécution et autres, l’expérience commence tôt pour le jeune Daphnis. Sa sœur qui l’a vu, un samedi, en collecte annuelle avec un groupe d’adventistes à Jérémie, rapporte à ses parents qu’elle a vu son frère quémander dans les rues de Jérémie avec un groupe de religieux. Elle a même recommandé à sa mère et à son père de ne plus envoyer Daphnis à l’école, puisqu’il fait partie d’un groupe qui l’instruit à demander l’amone à Jérémie. Au fils des ans, cette sœur ainsi que sa mère sont devenues Adventistes du septième jour.

Le mathématicien prometteur qui devient Pasteur

Après son baccalauréat, Daphnis voulait se lancer dans l’étude de la Théologie, un rêve qu’il chérissait depuis qu’il était devenu adventiste. Mais, ses parents voulaient qu’il étudie de préférence, la médecine. Ces derniers étaient exigeants, ils ne voulaient pas payer d’autres études pour lui. Puisqu’il n’avait pas d’argent, Daphnis se trouvait dans l’impossibilité d’entrer à l’Université Adventiste d’Haïti. « Moi, la médecine ne m’intéressait pas. Je voulais être pasteur… Etant donné que mes parents ne voulaient pas le payer pour moi, j’ai décidé de rester chez moi, au lieu d’apprendre la médecine », souligne le pasteur du District Pergame, aujourd’hui.

Excellent en mathématiques, depuis l’école primaire, il trouvait un ami qui lui offrait un job à l’Electricité d’Haïti (EDH). Il devrait avant tout démarrer comme stagiaire avec un salaire de 1,250 gourdes par quinzaine. Ce qui était considérable à l’époque. Et, il pourrait ensuite être promu et devenir une voix dans le pays, puisqu’à l’époque il avait de grandes connexions. Mais, quelques heures avant son entrée dans le job, tout a basculé.

Dans une nuit de dimanche qui précède son premier jour dans le job, Daphnis eu un songe. Dans ce songe, il l’a vu, vêtu d’un pantalon noir, d’une chemise blanche muni d’une cravate rouge bien taché dans le cou, une bible entre ses mains, accompagnant le président de la Mission Adventiste d’alors, le pasteur Devarieux. Tous deux, ils rentrent dans la mission adventiste…

Il se lève du sommeil, à brule pourpoint. Il regarde son réveil, il vient d’être tout juste 04:00. Et, dès 05:00 de ce lundi matin, le destin de la journée allait être tout à fait différent pour Daphnis Louverture.

« Le lundi matin de mon premier jour dans le job, il était 05:00, j’ai entendu quelqu’un dans ma porte. C’était Jackè, un ami de Jérémie qui a achevé ses études en Théologie. Il est venu me demander pourquoi il ne m’a pas vu à la nouvelle session de la Faculté de Théologie puisqu’il savait que c’était mon rêve depuis que je suis devenu adventiste du septième jour. Je lui ai dit que je n’ai pas d’argent. Il faudrait à l’époque seulement 450 gourdes pour immatriculer.  Il m’a dit : ‘Habille-Toi, je vais t’accompagner à l’école’, », afait savoir l’homme qui a, aujourd’hui, 38 ans de ministère comme pasteur au sein de l’œuvre adventiste.

Jackè lui a accompagné à l’UNAH, il a fait son inscription. Et, il y eu besoin de seulement 250 gourdes pour étudier. Sa sœur, qui, auparavant, n’avait pas toléré la foi du jeune Daphnis, est celle qui lui a donné les 250 gourdes pour étudier la Théologie. C’est ainsi que Daphnis Louverture à étudier la Théologie avec 250 gourdes au lieu de 450 gourdes. Jackè lui avait aussi trouvé un petit boulot à l’imprimerie adventiste. « C’est ainsi que Dieu m’a appelé dans le ministère », se réjouit pasteur Daphnis.

Agé de 65 ans, Daphnis Louverture, a aujourd’hui 38 ans depuis qu’il est pasteur adventiste. Il a une famille d’un seul enfant. Ses expériences sont nombreuses. Il a confirmé avoir traversé des épreuves très pénibles durant son parcours en tant que Pasteur. Au point, qu’il a traversé des impasses sans issu où sa seule porte de sortie était d’abandonner le ministère. Mais, il confirme que Dieu lui a toujours soutenu. Ainsi dit-il : « Si il y une chose que j’ai bien apprise de mon ministère c’est que Dieu m’a appris a distingué sa voix de la voix du diable. Je sais reconnaitre ces deux voix ».

Aujourd’hui, cet homme a suivi la voie de Dieu. Il est l’actuel pasteur du District Pergame de Maïs Gâté. Ce district est composé des églises Pergame, Rama, Tékoa et Galilée.

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