Faire triompher la Justice
Par Wayne R. Shipton & Warren A. Shipton
Pourquoi un Dieu tendre et miséricordieux ne met-il pas un terme à l’injustice ? C’est là une éternelle question dont les réponses rationnelles s’enracinent dans la nature même de Dieu.
Depuis les êtres innocents massacrés à Bethléhem et dans les environs (Mt 2.16) jusqu’aux activités génocidaires des dirigeants de nations, un cri presque universel monte : il faut que justice se fasse ! Épicure et Bouddha semble-t-il, étaient également dérangés par de telles horreurs1. Comme de nombreux autres, ils ont tenu Dieu pour responsable de ce manque de justice flagrant, le rejetant en tant que personne peu importante, ou doutant entièrement de son existence.
On imagine qu’Épicure avait une très haute opinion de la philosophie grecque à laquelle il contribuait. Elle était certainement influencée par l’importance croissante de la nation suite aux exploits éblouissants d’Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.). Épicure insistait sur l’évitement de la souffrance. Alors qu’il développait sa vision du monde, un élément important se dégageait : il s’efforçait de dénigrer l’idée que les dieux se souciaient des affaires humaines, ou jouaient seulement un rôle quelconque dans l’existence humaine2. Il représente ainsi l’un des liens antiques vers la pensée évolutionniste moderne. Son premier faux pas a consisté à fonder sa philosophie sur des concepts égocentriques.
LA VISION DU MONDE ET LA JUSTICE
La vision du monde que nous adoptons compte. Elle modèle non seulement notre façon de voir la vie et de nous y rattacher, mais aussi ce que nous pensons de la justice, et ultimement, de la souffrance. Si nous croyons que nos actes présents détermineront ce qui nous arrivera après la mort, sans implication aucune de la foi en un Dieu personnel, identifiable, alors nous embrassons une vision du monde semblable aux philosophies bouddhiste et hindou. Mais anciennement, ces opinions n’étaient pas efficacement remises en question, et actuellement, elles ne le sont pas non plus.
Le prophète Daniel – qui a vécu environ à la même époque que Bouddha – défendait une autre vision du monde en s’appuyant sur le concept que la terre et tout ce qui lui appartient ont été créés par un Dieu personnel. Ses convictions se fondaient sur son expérience authentique avec Dieu (Dn 6.16-22). Il comprenait que son Dieu était amour (Dt 10.12-15) – une notion dotée de deux composantes fondamentales : la miséricorde et la justice (Ps 85.11 ; Es 16.5). Daniel n’avait aucun problème à réconcilier le concept selon lequel le fossé creusé entre les êtres humains et Dieu après la chute serait comblé par la crucifixion du Sauveur (Dn 9.24-27 ; voir 1 Co 1.21-25). Pour lui, comme pour l’apôtre Paul plus tard, la foi et la raison étaient d’inséparables compagnons (Dn 1.7-14 ; Ac 24.24, 25). Or, l’idée que Jésus descende du ciel pour secourir l’humanité scandalisait les anciens philosophes, car un tel acte renversait complètement leurs valeurs3. Le sage secourant le fou ? Pour eux, c’était totalement inconcevable !
En termes d’insistance, c’est l’apôtre Jean (dans notre Bible moderne) qui se rapproche le plus de Daniel. Estimant clairement que foi et raison sont compatibles, Jean exhortait ses lecteurs à exercer l’une et l’autre (Ap 13.18 ; 14.12). Il construisait le cadre intellectuel de sa foi selon la vision du monde de la grande controverse et du sanctuaire (Ap 3.12 ; 11.2, 19 ; 12.1-17). Ceci représente un récit séquentiel de l’existence d’intelligences créées et dotées du libre arbitre, de leur rejet des éléments de la loi morale, des conséquences d’une telle désobéissance, de l’intervention d’un créateur miséricordieux pour restaurer l’humanité, et finalement, de la juste rétribution (le jugement) à tous, conformément à leurs actes et à leurs réponses à la miséricorde divine. Jean avait acquis cette croyance grâce à ses rencontres personnelles avec Christ lors de son ministère terrestre, et aux visions qu’il avait reçues pendant son exil à Patmos. La venue de Dieu sur la terre pour communiquer avec les êtres humains était aux antipodes de la notion courante. Les Grecs croyaient, en effet, que les individus pouvaient atteindre la sphère divine en imagination en s’adonnant à des exercices mystiques impliquant des efforts et/ou une fusion avec le divin4.
Notre vision du monde délimite notre identité – ceci étant inséparablement lié à ce que nous croyons au sujet de nos origines et de notre destinée – et détermine, ultimement, notre façon d’agir. Un écrivain a soutenu exhaustivement que les individus, grâce à leur acceptation de la miséricorde révélée dans la vision du monde de la grande controverse, sont transformés en pensée (voir Rm 12.1, 2) et sont ceux décrits par Jean comme ayant « le témoignage de Jésus »5.
LE TÉMOIGNAGE CONCERNANT JÉSUS
Tous les prophètes authentiques ont été témoins ou ont témoigné du caractère de Dieu et de son plan pour sauver l’humanité. Cette vérité – confirmée depuis Moïse jusqu’à Jean (He 11.23-28 ; 2 P 1.16-21 ; 1 Jn 1.1-4) – s’étend jusqu’aux révolutionnaires plus récents (Calvin, Luther). Elle inclut des envoyés spéciaux de Dieu tels que William Tyndale et Ellen White.
Dieu est, par essence, amour agape (1 Jn 4.16). Or, la miséricorde et la justice – piliers fondamentaux de son caractère (Ps 85.11 ; voir Es 16.5) – se sont, dans un sens particulier, embrassées à la croix6. En effet, l’amour de Dieu était si inclusif, si profond, que par sa mort sur la croix, Christ a payé (par sa miséricorde) la pénalité des erreurs humaines (Rm 5.12-15 ; 1 Tm 2.5, 6). L’étalage extravagant de sa miséricorde indique pour les êtres humains l’existence irréfutable d’un jugement négatif en raison de leur mépris de la loi morale de Dieu, ou de leur échec à l’observer (Rm 5.12-15, 18). Cette transaction initiée par Dieu signale à tous les êtres humains qu’ils sont libres d’accéder gratuitement au don de la vie par la foi, et par conséquent, de se qualifier pour le salut en dehors de leurs œuvres (Rm 5.1, 2 ; 6.12, 13). Si les êtres humains rejettent ce don et ne se consacrent pas sans réserve au Sauveur, ils subiront inévitablement « un jugement d’anéantissement de la vie égoïste » qui refuse de répondre à l’offre d’être recréés à l’image de Dieu et de recevoir la vie éternelle7.
Un athée a une vision réaliste de la vie sans Dieu en ce que l’existence humaine n’englobe que le temps de la naissance à la mort. L’âme humaine est dépourvue de tout élément qui puisse lui faire subir un châtiment éternel ou jouir d’une félicité éternelle. Un examen minutieux des Écritures justifie cette vision, de même que le concept que la mort ne peut être finale lorsque l’amour agape est accepté. Le don de l’immortalité par la résurrection du corps est possible parce que la pénalité de la désobéissance humaine (la mort) – et par conséquent, la pénalité de la désobéissance à la loi morale de Dieu – a été payée par un Christ miséricordieux. Seul un amour de type agape peut combler le fossé entre la miséricorde et la justice.
LE TEMPLE DU TÉMOIGNAGE
Le sanctuaire que Moïse avait construit dans le désert au cours de l’Exode rendait un témoignage puissant de la vision du monde de la grande controverse, et soulignait l’amour, la miséricorde, la justice et le jugement.
Dans ce sanctuaire, les cérémonies de la Pâque annonçaient le commencement des activités de l’année religieuse ; ce faisant, elles reliaient la miséricorde que Dieu avait prodiguée à Adam et à Ève en couvrant leur nudité de vêtements à son accomplissement ultime au calvaire. C’est, en effet, au calvaire que Christ a couvert les méfaits humains, exprimant ainsi son amour démesuré dans un acte de miséricorde et de justice. Dans le modèle du sanctuaire, l’année religieuse se terminait par des scènes de communion fraternelle et de réjouissance (Lv 23.33- 44), symboles de la juste réjouissance sur la mer de verre (décrite par Jean) après le retour de Jésus (Ap 7.9-12).
Les cérémonies du jour du jugement (jour des Expiations) précédaient ce joyeux événement. Lors de ces cérémonies préparatoires, on honorait les transactions de la justification offerte aux pécheurs repentants tout au long de l’année. C’est à ce moment-là que le péché était imputé à Satan (voir l’histoire du bouc à Azazel dans Lv 16.20-22). Ce rite gravait dans les esprits la nature solennelle et joyeuse du jour du jugement.
Les cérémonies du jour des Expiations se focalisaient sur le lieu très saint et sur son unique meuble, l’arche du témoignage (Lv 16), laquelle rendait témoignage de l’amour, de la miséricorde, et de la justice de Dieu. Nous pouvons soutenir cette affirmation parce que le propitiatoire recouvrait la loi morale (les Dix commandements) déposée dans l’arche. Ses exigences ne pouvaient être satisfaites que par la foi au sang répandu du Christ (que le souverain sacrificateur aspergeait sur le propitiatoire – Lv 16.14, 15 ; Rm 3.25).
La loi elle-même, telle que proclamée autrefois (Dt 6.5 ; 10.12, 13, 18-20), et plus tard, si magnifiquement par Jésus (Mt 22.36-40), est une expression de l’amour de Dieu. En fait, David Asscherick8 compare les quatre premiers commandements à un contrat de mariage où l’on promet d’être fidèle, dévoué, respectueux et de passer du temps avec l’être aimé.
La beauté au sujet du témoignage du temple/sanctuaire, est qu’il se poursuit aujourd’hui. Jean l’a vu occuper une place proéminente dans les événements des derniers jours (Ap 15.5-8). Cette réalité est censée transmettre l’espérance et l’encouragement, car Dieu a promis la couronne de vie à tous ceux qui l’aiment (Jc 1.12). Jésus fera triompher la justice, ou dans les termes d’une version biblique, « jusqu’à ce qu’il ait porté la justice à la victoire » (Mt 12.20, NBS).
L’AMOUR BANNIT LA CRAINTE
Un jour, Bertrand Russell a dit : « La peur est le fondement même du dogme religieux9. » Cette citation contient une large part de vérité. De nombreuses religions sont fondées sur la peur. Leurs adeptes cherchent à obtenir la faveur de leurs dieux ou à apaiser ces derniers par des sacrifices, la pénitence, la privation, ou la torture. Les adeptes d’une théologie incluant la peur sont incertains de l’avenir – la peur étant un élément d’incertitude et de suspense dont on se sert pour provoquer la conformité. Dans le contexte chrétien, on retrouve deux idées couramment enseignées : la purification dans le purgatoire, et le châtiment en enfer. De telles idées sont d’origine païenne10. Elles ont été créées dans l’ancien environnement de l’Église pour promouvoir la confiance dans les doctrines humaines, les sacrements, et l’effort essentiel au salut. Les avantages pour la hiérarchie d’un tel système étaient énormes.
Pour ceux qui croient à sola scriptura, ces doctrines manquent de crédibilité. L’idée du purgatoire nie l’enseignement central de l’Évangile : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu11. » (Ep 2.8) L’idée de l’enfer s’édifie sur le concept d’une existence consciente après la mort – une notion spécifiquement rejetée par les Écritures (Ps 115.17 ; Ec 9.5). En outre, l’idée d’un enfer éternel, où toutes sortes de tourments sont perpétrés, est contraire au caractère de Dieu, car les principes du ciel ont l’amour pour fondement (Dt 10.12-15 ; Mt 22.37-40 ; Jn 15.12).
« Car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse. » (2 Tm 1.7) L’amour bannit la peur et nous fait découvrir le concept égalité, fraternité, liberté – un concept que certains révolutionnaires ont considéré comme venant d’eux12. Dieu nous offre de nous affranchir de notre culpabilité indépendamment de notre statut (2 Co 6.12). La douleur et la culpabilité du fardeau du péché sont enlevées. Accepter l’amour du Christ, c’est être affranchi de la peur ! Ayant accepté le pardon de Dieu, nous ne craignons pas l’inconnu. Le plan du salut de Dieu établit fermement l’idée que dans l’esprit du croyant, le règne de la peur est terminé. Notez la façon dont l’apôtre Paul exprime cette pensée : « Et vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! » (Rm 8.15) Ici, nous recevons l’assurance qu’il existe un tendre Père céleste « dont la profession consiste à pardonner »13. Les croyants qui acceptent le concept de la justification par la foi se sentent rassurés, sachant qu’à leur mort, ils entrent dans « un sommeil doux et profond », comme le dit Martin Luther14. De tels individus ne craignent pas le jugement.
Pour ceux qui ont rejeté l’amour de Dieu, les jugements divins comportent inévitablement un côté négatif. Dieu est l’auguste Créateur et Juge qui veillera à ce que non seulement il y ait apparence de justice, mais aussi à ce que justice soit faite (Dn 7.9, 10 ; Ap 6.15-17) et non qu’elle en reste à la théorie. Pour ceux qui permettent à son amour de les posséder et de les transformer, le jugement est une chose désirable et une raison de se réjouir (Dt 32.36, 43 ; Ps 82.8 ; Dn 7.22). Juger signifie justifier, sauver, délivrer, et innocenter15. Dans Apocalypse 14, le jugement est présenté comme faisant partie de l’Évangile – une idée qui n’échappe pas au prophète Ésaïe (Es 61.1-3). Si nous acceptons cette signification en tant que réalité dans notre vie, alors nous craindrons Dieu et lui rendrons gloire16.
Jésus nous donne cette assurance : « Celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jn 5.24). Ceux qui sont disposés à coopérer avec Dieu n’ont rien à craindre ! Ils embrassent l’idée d’un jugement investigatif tandis qu’ils reconnaissent la nécessité de sa fonction juridique dans l’établissement de la justice divine devant les intelligences de l’univers. Dieu honore ceux qui ont placé leur confiance en lui. Il honore aussi les décisions de ceux qui ont choisi de ne pas croire tandis qu’il révèle en même temps la perversité des puissances religieuses et politiques supposément loyales qui contestent son royaume (Dn 7, 8).
Satan est l’agent principal de la désaffection des hommes et des femmes. Après avoir mis son caractère au grand jour, Dieu l’éliminera avec ses adeptes. C’est là l’ultime expression de la justice, car chacun de ces individus a refusé le pardon et l’amour de Dieu, et a consacré ses énergies à des fins égoïstes et à une fausse représentation de Dieu17.
RÉJOUISSEZ-VOUS, CAR DIEU A POURVU DE FAÇON PROACTIVE
La Bible commence par un récit de l’âge d’or, alors que toute la création se réjouissait (Gn 2.1-3). Elle se termine aussi sur une note joyeuse (Ap 22.20). La décision de Dieu de créer des individus dotés du libre arbitre dans le ciel et sur la terre soulevait la possibilité qu’ils fassent de mauvais choix. Et lorsque cela s’est produit, il n’a pas été pris au dépourvu.
C’est avant la survenue du péché que Dieu s’est engagé à donner à l’humanité désobéissante un moyen de s’en sortir : le sacrifice du Christ (1 P 1.20 ; Ap 13.8). Le jour où Adam et Ève, honteux, se sont méfiés de Dieu, celui-ci les a cherchés et leur a promis une résolution juste du problème du péché (Gn 3.15). Il leur a promis de mettre un sentiment d’inimitié ou d’inconfort actif dans leur esprit. L’apôtre Paul explique la profondeur de cette promesse et insiste sur le témoignage de la conscience envers les principes de la loi morale. L’attention portée à ce témoignage figure dans la juste évaluation que Dieu fait de l’attitude sincère que chaque individu a envers lui (Rm 2.14-16). Je crois que la conscience a été implantée à la création, puisque les principes de la loi étaient opérationnels bien avant l’Éden18. En fait, c’est là une signification possible du concept selon lequel Dieu « a mis dans leur cœur la pensée de l’éternité » (Ec 3.11) – une aspiration naturelle à une relation spirituelle avec le Dieu créateur.
On aperçoit un autre élément de la proactivité divine dans la conception du corps humain. Dieu a créé notre corps de façon à ce qu’il fonctionne dans des conditions beaucoup plus rudes que ce que nous aurions pu prévoir dans un monde pur et très bon. Voici trois illustrations de cette idée.
- Premièrement, les larmes. Les larmes non seulement apportent de l’oxygène à la cornée, mais contiennent aussi des substances chimiques qui tuent les bactéries et les transportent avec d’autres déchets jusqu’au canal lacrymal, lequel sert de drain. Le lysozyme, une enzyme, est la composante antimicrobienne la plus importante des larmes. En désintégrant la paroi cellulaire des bactéries, il les rend inoffensives, et ainsi, constitue la première ligne de défense contre l’infection. Le lysozyme est plus concentré dans les larmes que dans tout autre liquide corporel. Le système immunitaire protège aussi cet organe contre l’infection19. Le besoin d’un tel système de compensation était minimal en Éden, mais avec l’émergence des organismes pathogènes et la réalité des particules colloïdales et de poussières, sa nécessité s’est élargie.
- Deuxièmement, le système immunitaire. Le système immunitaire est un appareil biologique complexe nécessaire au développement approprié du corps. Il permet au corps l’auto-observation, la prévention des maladies auto-immunes, et la destruction des microbes inoffensifs qui pénètrent dans le sang lors des activités normales. L’immense complexité et adaptabilité du système immunitaire, pas encore parfaitement comprise, est à couper le souffle20. Lorsque nous observons la machinerie biochimique présente dans le corps humain et sa capacité de déjouer les tentatives les plus acrobatiques des microorganismes pour s’y introduire, nous sommes naturellement impressionnés par le Concepteur qui a incorporé une capacité aussi complexe et étendue dans ses créatures vivantes. Le système immunitaire a été conçu pour sentir et détruire les organismes « étrangers » ou les organismes non créés par Dieu.
- Troisièmement, la coagulation. Sans un mécanisme de coagulation, le corps ne pourrait se protéger lui-même contre une blessure, même superficielle. Dans le monde idéal conçu par Dieu où il n’y a ni blessure, ni destruction (Es 65.25 ; voir Ap 21.4), il est concevable qu’un tel mécanisme aurait pu être nécessaire pour faire des ajustements aux tissus corporels suivant le mouvement « normal » du sang à travers le système corporel. Ceci aurait pu avoir impliqué la coagulation et la réparation à une micro-échelle. Dans un monde moins que parfait, le mécanisme de coagulation du corps humain est capable de composer avec des blessures assez sérieuses. Les mécanismes de remplacement des cellules sanguines nous permettent non seulement de parer à de graves catastrophes, mais aussi d’obtenir un soulagement de la douleur et de la souffrance. Les plaquettes sanguines se rendent compte de la blessure aux vaisseaux sanguins et s’activent dès qu’elles s’attachent au site blessé. À ce moment, elles relâchent des substances chimiques et attirent davantage de plaquettes, en sorte que les cellules s’empilent. Dans le cas d’une blessure mineure, elles bouchent le trou sans former de caillot. Souvent, d’autres cellules en circulation ainsi que la protéine fibrinogène s’assemblent pour former un caillot, mais strictement à la région blessée21. Il est clair que Dieu a créé notre corps pour qu’il fonctionne dans une diversité d’environnements ! Grâce à la flexibilité intégrée dans sa conception, on peut gérer des situations bien au-delà de tout ce qu’on pourrait prévoir dans un monde très bon.
DIEU N’EST PAS INTIMIDÉ
Les plans de Dieu pour la création d’un nouveau monde – avec ses formes de vie harmonisées et sa classe spéciale d’êtres intelligents (êtres humains) – ont été achevés en dépit des demandes de Lucifer de jouer un rôle dans la création. À cause de sa rébellion, Dieu a dû le chasser du ciel. Il a ensuite mis à exécution son projet de création, confirmant ainsi la justice de son acte envers celui qui s’appelait désormais Satan. C’est pour nous la preuve que la menace de Lucifer d’usurper le trône de Dieu par la force n’a aucunement intimidé le Créateur.22 Nous pouvons donc avoir une confiance absolue en les principes du royaume de Dieu et en la conception divine de l’univers et des systèmes biologiques qu’il contient. Nos systèmes corporels robustes font intégralement partie du plan global de sauvetage divin de l’humanité. Ainsi en est-il de l’esprit humain : il peut saisir des idées abstraites, faire la différence entre le bien et le mal, arriver à des déductions logiques, et concevoir d’ingénieuses inventions.
Dieu n’est pas intimidé non plus par le passage du temps, car le temps n’a pas la même signification pour lui que pour les créatures mortelles (2 P 3.8). Jésus fera triompher la justice après le scellement des saints (Ap 7.1-3), car ce scellement garantit qu’ils tiendront bon lors des événements tumultueux qui se produiront bientôt sur la terre. Il a un plan pour résoudre le mal, un plan qui fonctionne selon un calendrier bien organisé. Les Écritures appellent tous ceux qui écoutent la voix de leur conscience à répondre en remplissant leur esprit de pensées profondes. Une seule réponse est acceptable : recevoir sans réserve son offre incomparable de miséricorde.
CONCLUSION
Épicure était un puissant défenseur de l’idée qu’un Dieu bon ne peut coexister avec le mal, mais cette idée a généralement été abandonnée par ses disciples. Malheureusement, ce philosophe n’avait pas compris qu’un Dieu d’amour ne pouvait être moralement cohérent s’il utilisait le mal pour produire un résultat désiré. Il n’avait pas compris que la miséricorde et la justice étaient le fondement du caractère et du gouvernement divins (Ps 85.11 ; 89.15). Ses antécédents païens l’ont amené à imaginer l’élimination du mal par n’importe quel moyen. Il a aussi tiré de fausses conclusions sur Dieu en établissant un calendrier serré pour l’élimination de la souffrance.
Les propositions simplistes d’Épicure ne rendent pas justice à la complexité de la question du mal, de son instigateur (Lucifer/Satan), et des problèmes de son élimination par des conceptions humaines. Le philosophe n’a pas vu la possibilité de l’intervention d’un Créateur-Rédempteur pour résoudre le problème du péché et pour l’empêcher de paraître une seconde fois. Cette possibilité rédemptrice a imprégné la pensée religieuse juive, à laquelle Épicure aurait pu, de façon concevable, avoir accès s’il l’avait désiré. La pensée que Dieu est un Dieu d’amour, de miséricorde, et de jugement, et qu’il a fourni un moyen pour nous pardonner et pour nous donner la victoire sur le péché et la mort est centrale aux services de culte du sanctuaire juif, lesquels symbolisent en retour la vie, la mort et le triomphe de Jésus dans sa victoire sur le mal et l’obtention du salut pour tous ceux qui croient en lui, tant juifs que gentils.
Merci, Seigneur, de faire triompher la justice, et selon ta promesse, de faire triompher à ton glorieux retour ceux qui acceptent cette vérité.
Wayne R. Shipton (BPhty, MB, BS, FANZCA) a étudié principalement à l’université du Queensland, à Brisbane, dans la province du Queensland, en Australie. Membre de l’Institut d’enseignement supérieur d’anesthésie de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, il est activement engagé dans sa profession.
Warren A. Shipton (PhD, MEd, FASM) a reçu son doctorat de l’université de Sydney, en Australie. Il est un ancien doyen de la faculté des sciences de l’université James Cook, en Australie, ancien président de l’université internationale Asie-Pacifique, en Thaïlande, où il est actuellement professeur. Il est l’auteur de nombreux livres sur la santé et la maladie humaine. Il a publié de nombreux articles dans des journaux scientifiques. Récemment, il a reçu le prix du « Professeur », le titre universitaire le plus prestigieux du gouvernement thaï pour sa contribution à l’éducation et à la science. C’est la première fois que ce prix a été décerné à la fois à un étranger et à un universitaire d’une université privée dans l’histoire centenaire de l’éducation tertiaire en Thaïlande. Son courriel : wshipton@gmail.com.
Citation recommandée
Warren A. Shipton et Wayne R. Shipton, « Faire triompher la justice », Dialogue 30 (2018/1), p. 13-17
NOTES ET RÉFÉRENCES
- « Epicurus Quotes », http://thinkexist.com/quotes/epicurus/4. html ; The Bhuridatta Jataka, n° 543, section VIII, # 208, 209, http://www.sacred-texts.com/bud/j6/j6009.htm.
- J. Stevenson, The Complete Idiot’s Guide to Philosophy, troisième édition, New York, Penguin Group, 2005, p. 74-80.
- A. Nygren, Agape and Eros, P. S. Watson, trans., Chicago, University of Chicago Press, 1982, p. 202.
- Ibid., 206.
- Larry Lichtenwalter, « Worldview Transformation and Mission: Narrative, Theology, and Ritual in John’s Apocalypse », Journal of the Adventist Theological Society 21, 1/2, 2010, p. 211-244.
- Ellen G. White, Messages choisis, vol. 1, p. 409.
- Nygren, Agape and Eros, p. 102.
- Une communication personnelle.
- Bertrand Russell, The Basic Writings of Bertrand Russell, Abingdon, Routledge, 2009, p. 347.
- J. Le Goff, The Birth of Purgatory, A. Goldhammar, trans., Londres, Scolar Press, 1984, p. 7-10, 17-29, 52-85, 169, 237 ; W. Whiston, The Life and Works of Flavius Josephus, Philadelphie, The John C. Winston Company, c. 1936, p. 901-903.
- Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.
- W. A. Shipton, The Golden River That Flows Through Time, Tamarac, Fla., Llumina Press, 2010, p. 278–291.
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- J. Delumeau, Sin and Fear, New York, St. Martin’s Press, 1990, p. 493.
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- Ibid., 46, 47.
- Ibid., 45, 46.
- Ellen G. White, L’histoire de la rédemption, p. 145.
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- Shipton, The Golden River That Flows Through Time, p. 294 ; White, L’Histoire de la rédemption, p. 13-16.
Source : Dialogue