Bannir l’alcool, le meilleur des choix
Par Alina Baltazar
S’abstenir totalement d’alcool est le meilleur des choix. L’alcool est mauvais pour la santé ! Boire à l’université peut nuire à votre réussite et à votre bonheur.
Il est couramment admis que la consommation d’alcool peut être la cause de décès prématurés et de maladies. On a identifié soixante affections pouvant être attribuées à l’alcool1. Selon certaines études, la consommation modérée de certains alcools peut contribuer à la prévention des maladies cardiaques, mais d’autres remettent ces résultats en question. Le cas de centenaires en bonne santé est parfois cité pour prouver que l’alcool permet de vivre plus longtemps, mais une étude récente prenant en compte des données provenant de sources diverses et utilisant une méthodologie fiable vient d’être publiée dans The Lancet, la revue médicale la plus connue et la plus fiable du monde de la médecine. L’effet de l’alcool sur la santé a été étudié sur des individus de 195 pays du monde entier, sur une période de 25 ans. Ses conclusions sont révolutionnaires et extrêmement claires.
LES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE
La conclusion principale de cette étude est le fait que la consommation d’alcool est le septième facteur de risque de décès prématuré et de maladie. À l’échelle du monde entier, il s’agit du premier facteur de risque de décès prématuré chez les 15 – 49 ans. Il ne s’agit pas de personnes âgées courant déjà ce risque, mais souvent d’étudiants. Plus la consommation d’alcool est importante, plus le risque de mortalité augmente.
L’alcool a différents effets sur le corps. Quand la consommation d’alcool est régulière, les organes et les tissus peuvent être affectés. L’ivresse aggravée peut entraîner des maladies et une intoxication alcoolique. Une grande consommation d’alcool peut entraîner une dépendance, et par conséquent un isolement social et des troubles psychiques. Quand les chercheurs ont essayé de déterminer quelle quantité d’alcool pouvait être consommée sans présenter aucun risque, ils ont constaté que seule l’abstinence était totalement sûre. La consommation d’un demi-verre d’une boisson alcoolisée par jour peut réduire l’espérance de vie.
Les résultats ont également montré que 32,5% de la population mondiale buvait de l’alcool (25% des femmes et 39% des hommes). Il y a de grandes disparités entre les différentes régions du monde (1,5% au Népal, mais 87% en Suède). La consommation d’alcool est plus importante dans les pays où le revenu moyen est le plus élevé. Dans ces pays, les gens boivent aussi de plus grandes quantités d’alcool que dans les autres. Les hommes consomment plus d’alcool que les femmes. L’étude souligne que 2,8 millions de décès (plus d’hommes que de femmes) ont été attribués à l’alcool en 2016.
L’étude souligne que la consommation d’alcool peut avoir un léger effet positif, dans la mesure où il protège contre certains types de maladies cardiaques. Les femmes qui consomment de l’alcool et qui vivent dans des pays au revenu moyen élevé sont en effet davantage protégées contre les maladies cardiaques et le diabète après 60 ans. Cependant, la consommation d’alcool accroît le risque de cancer et de décès prématuré. Ainsi, les bénéfices dont profitent certaines personnes après un certain âge sont insignifiants par rapport au risque accru de cancer. L’alcool est également la cause d’autres problèmes cardiaques tels que les Accidents Vasculaires Cérébraux, les anévrismes et d’autres maladies, parfois contagieuses, en cas de comportement à risque. Cette étude souligne aussi le fait que l’abstinence totale est le choix le plus sûr en matière de santé.
POURQUOI LES ÉTUDIANTS DOIVENT-ILS FAIRE PREUVE DE VIGILANCE ?
Les étudiants qui sont en bonne forme physique et qui jouissent d’une bonne santé ne pensent peut-être pas au risque d’avoir un cancer un jour, mais ils peuvent être victimes des effets néfastes de la consommation d’alcool. Les étudiants sont deux fois plus susceptibles de consommer de l’alcool que leurs pairs actifs2. Cela est dû au fait qu’ils gèrent leur temps de façon plus souple que les jeunes qui travaillent. Ils vivent loin de leurs parents pour la première fois, sont stressés par leurs études, les opportunités de boire de l’alcool sont nombreuses, et ils subissent des pressions de la part de leurs camarades. Boire de grandes quantités d’alcool est considéré comme un rituel de passage. D’après une étude nationale menée en 2016 aux États-Unis, presque 60% des étudiants de 18 à 22 ans avaient consommé de l’alcool au cours du mois précédent, et parmi eux deux étudiants sur trois avaient bu au point d’être ivres au cours de cette même période. Les effets négatifs de l’alcool sur les étudiants de 18 à 24 ans aux États-Unis sont la mort (1 519 par an), les agressions (696 000 par an) et les agressions sexuelles (97 000 par an)3.
Environ un étudiant sur quatre rencontre des problèmes dans son cursus universitaire en raison de sa consommation d’alcool. Ces problèmes peuvent être l’absentéisme, le retard dans la remise des devoirs, les mauvais résultats aux examens. Ainsi, les étudiants qui boivent de l’alcool sont moins performants que les autres et ils réussissent moins bien. La consommation d’alcool peut avoir d’autres conséquences plus graves, comme les tentatives de suicide, les problèmes de santé, les maladies, les relations sexuelles à risque, le vandalisme, les dégâts matériels et les soucis avec la police. Une grande consommation d’alcool peut entraîner des troubles durables ; c’est le cas pour 20% des étudiants américains. La consommation excessive d’alcool tend à diminuer après les études, mais les adultes qui ont des problèmes liés à l’alcool ont généralement commencé à boire au cours de leur adolescence ou quand ils étaient jeunes adultes.
L’ALCOOL, LE COMPORTEMENT ET LE BIEN-ÊTRE
L’idée de bannir toute consommation d’alcool est radicale d’un point de vue sociétal. Il est intéressant de noter que, dans l’étude publiée dans The Lancet, cette recommandation ne provient pas d’une organisation religieuse conservatrice. Elle a été effectuée par cinquante-trois chercheurs venant de différents pays. Les conclusions peuvent être difficiles à croire ou à accepter. En effet, la consommation d’alcool est généralement liée à la culture et aux festivités. Cependant, nous en connaissons les mauvais effets depuis des millénaires.
Bien que la Bible ne condamne pas la consommation d’alcool, elle condamne à maintes reprises l’ivresse (Proverbes 20.1 ; 1 Timothée 3.8 ; 1 Corinthiens 5.11). L’ivresse était considérée comme un péché et une folie. Aux temps bibliques, le vin contenait un taux inférieur d’alcool et était souvent coupé d’eau. La distillation de l’alcool est un processus qui a débuté après l’époque biblique. C’est la raison pour laquelle le taux d’alcool est plus élevé dans le vin désormais, ce qui est véritablement un problème. Les boissons alcoolisées sont également déconseillées dans le Coran4, et les musulmans sont encouragés à s’abstenir d’alcool.
Certaines dénominations chrétiennes enseignent également l’abstinence. L’Église adventiste du septième jour déclare ceci dans ses Croyances fondamentales : « Notre corps étant le temple du Saint-Esprit, nous devons en prendre soin intelligemment. […] Les boissons alcoolisées […] étant préjudiciables à notre corps, nous devons également nous en abstenir5. » Les croyants adventistes sont invités à honorer Dieu par leur corps, et non à le détruire. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours interdit également la consommation d’alcool6. Grâce au fait que ces deux dénominations encouragent leurs membres à s’abstenir d’alcool et à faire d’autres choix positifs relatifs à leur mode de vie, ceux-ci ont une espérance de vie supérieure à la moyenne de huit à dix ans d’après l’étude menée récemment7.
Une recherche menée auprès d’étudiants adventistes du septième jour montre que c’est la conviction que le corps humain est le temple du Saint-Esprit qui les dissuade de consommer de l’alcool. Cette étude a été effectuée sur un campus adventiste, et elle indique que, lorsque les étudiants pensent que Dieu veut les voir prendre soin de leur corps en évitant l’alcool et les drogues, la probabilité qu’ils en consomment est inférieure de 60%. Dans une étude qualitative menée ensuite auprès de groupes bien identifiés, le fait de croire que le corps humain est le temple du Saint-Esprit est l’un des facteurs religieux majeurs expliquant pourquoi les étudiants adventistes consomment moins d’alcool que les autres8.
Certains étudiants se disent peut-être : « Tout le monde boit de l’alcool ! » Mais en réalité, ce n’est pas vrai, aussi bien dans les universités publiques que dans les universités adventistes. Certes, une majorité d’étudiants dans les institutions publiques boivent de l’alcool, mais pas tous. Et dans les établissements supérieurs adventistes aux États-Unis, la plupart des étudiants n’ont jamais consommé d’alcool de leur vie, et 10% seulement disent en consommer régulièrement9.
GÉRER SA VIE EN S’ABSTENANT D’ALCOOL
Comme nous l’avons souligné précédemment, l’alcool fait partie de notre société depuis des millénaires. De très nombreuses personnes consomment de l’alcool lors de festivités et de cérémonies, mais aussi pour gérer le stress de la vie. Nous vivons dans un monde pécheur et nous sommes tous confrontés à des difficultés. L’alcool est considéré comme un moyen d’échapper aux problèmes, de se détendre à la fin de la journée, et de faire la fête le week-end pour réduire le stress. Mais en réalité les problèmes ressurgissent une fois que les effets de l’alcool se dissipent. De plus, ces problèmes sont généralement aggravés par la consommation d’alcool. Le fait de boire de l’alcool ne détend pas comme le prétendent ceux qui en consomment. L’alcool peut donner une impression d’apaisement et de détente, mais il nuit à la qualité du sommeil. Les personnes qui ont arrêté de boire de l’alcool après en avoir consommé de façon régulière pour favoriser leur sommeil, découvrent qu’en fait elles dorment mieux une fois qu’elles ont arrêté10. L’alcool peut sembler avoir un effet apaisant lorsque l’on est confronté à une situation stressante, mais il réduit les inhibitions, ce qui peut conduire à certains actes que l’on regrette par la suite. Les soirées alcoolisées peuvent avoir des conséquences qui n’étaient pas prévues, comme les agressions sexuelles, l’intoxication, la conduite en état d’ivresse, les bagarres et autres activités criminelles.
Il existe d’autres façons de gérer le stress et les problèmes que la consommation d’alcool. Les étudiants adventistes mentionnent les sorties entre amis, le sport, la prière, la lecture, la méditation, les activités de détente, les réseaux sociaux et la musique11.
CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE
Ellen White, l’une des fondatrices de l’Église adventiste du septième jour, a écrit il y a plus d’un siècle que la consommation d’alcool était néfaste pour la santé. « Il faut que les jeunes comprennent l’effet destructeur, tant pour l’esprit et l’âme que pour le corps, de l’alcool, du tabac et des autres poisons du même genre. Il faut montrer clairement que personne ne peut en user et jouir longtemps pleinement de ses facultés physiques, mentales, morales12. » La Bible nous enseigne à prendre soin de notre corps. L’Église adventiste du septième jour encourage donc ses membres à s’abstenir d’alcool. Pour des raisons religieuses et médicales, nous sommes invités à ne pas boire d’alcool. En tant qu’étudiants adventistes, vous pouvez accomplir de grandes choses.
Voici trois choses très simples que vous pouvez faire :
- Luttez contre la banalisation de l’alcool. Non, tout le monde n’en boit pas, même dans les universités publiques, et notamment dans les universités adventistes. L’alcool n’est pas un incontournable de la vie étudiante. Trop de risques sont engagés.
- Soyez des amis attentifs. Quand vous participez à des événements festifs, évitez de consommer de l’alcool. Organisez des soirées sans alcool. Faites preuve de créativité, et amusez-vous ! Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. Vous aiderez vos amis tout en vous faisant du bien.
- Développez des méthodes saines pour gérer vos émotions ou votre stress. Les chercheurs et les médecins proposent des conseils bien spécifiques :
- Faites de la marche ou pratiquez un sport.
- Dormez suffisamment, vous vous sentirez beaucoup mieux.
- Apprenez à mieux gérer votre temps. Rappelez-vous aussi que vous ne pouvez pas tout faire !
- Essayez différentes méthodes de relaxation. Certaines applications vous seront utiles pour cela.
- Parlez à vos amis ; ils comprennent ce que vous ressentez.
Si vous avez vécu des choses difficiles qui ont un impact sur vous aujourd’hui, ou si vous souffrez de stress ou de troubles mentaux, des professionnels de santé peuvent vous aider à gérer vos problèmes et à retrouver la santé. Il y a des centres spécialisés dans quasiment toutes les universités, pensez à avoir recours à leurs services.
CONCLUSION
L’alcool est mauvais pour la santé ! C’est une substance cancérigène qui cause de nombreux problèmes d’ordre social. L’alcool est le premier facteur de risque de décès prématuré et de maladie chez les 15-49 ans13. Les chercheurs ont démontré que s’abstenir totalement d’alcool était le meilleur des choix. L’alcool n’est pas une boisson recommandable. Boire de l’alcool à l’université peut réduire vos chances de réussite et gâcher votre bonheur futur ainsi que votre santé. Boire de l’alcool peut vous faire courir le risque de mourir prématurément. Vous pouvez exercer une influence positive en faisant des choix pertinents relatifs à votre mode de vie et en encourageant vos amis à opérer des changements dans leur vie. Vous pouvez faire une différence dans la société en agissant par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Faites passer ce message dès maintenant !
Alina Baltazar est titulaire d’un doctorat de l’université du Michigan, East Lansing, Michigan, États-Unis. Elle détient un diplôme de clinicienne sociale et un autre d’assistante sociale. Elle est professeure et responsable du programme d’études sociales de l’université Andrews, Berrien Springs, Michigan. Elle est également directrice du Centre de l’éducation à la prévention de l’Institut de la prévention des addictions de l’université Andrews. Courriel : baltazar@andrews.edu
Citation recommandée
BALTAZAR Alina, « Bannir l’alcool, le meilleur des choix », Dialogue 31 (2019/2), p. 5-8
NOTES ET RÉFÉRENCES
- GBD 2016 Alcohol Collaborators, “Alcohol Use and Burden for 195 Countries and Territories, 1990-2016: A Systematic Analysis for the Global Burden of Disease Study 2016” The Lancet 392:10152 (September 22, 2018): http://dx.doi.org/10.1016/ S0140-6736(18)31310-2.
- J. E. Schulenberg, et al., “Monitoring the Future National Survey Results on Drug Use, 1975–2017: Volume II, College Students and Adults Ages 19–55” (2018), Ann Arbor, Mich.: Institute for Social Research, The University of Michigan. Available at http:// monitoringthefuture.org/pubs.html#monographs.
- National Institutes of Health (NIH), “College Drinking” (n. d.): https://pubs.niaaa.nih.gov/publications/CollegeFactSheet/ Collegefactsheet.pdf.
- True Islam, “Alcohol Prohibition” (n.d.): http://www.quran-islam. org/articles/alcohol_prohibition_(P1163).html..
- Croyances fondamentales des adventistes du septième jour.
- The Church of Jesus Christ of Latter Day Saints, “Why Mormons Don’t Drink Alcohol, Tea, or Coffee?” (n. d.): https://www.lds.org. uk/why-mormons-dont-drink-alcohol-tea-and-coffee.
- J. E. Enstrom and L. Breslow, “Lifestyle and Reduced Mortality Among Active California Mormons, 1980-2004,” Preventive Medicine 46 (2008): 133-136; Dan Buettner, The Blue Zones: Lessons for Living Longer From the People Who’ve Lived the Longest (Washington, D.C.: National Geographic, 2008), vii.
- A. M. Baltazar, “Role of Parents in College Student Regular Alcohol Use in the Context of Abstinent Religiosity” (2015): file:///C:/Users/baltazar/Downloads/Baltazar_grad. msu_0128D_14260%20(4).pdf.
- Ibid.
- https://www.sleepfoundation.org/articles/how-alcohol-affects-quality-and-quantity-sleep.
- Baltazar, A.M. (2019, April) Living Up to Adventist Standards: The role religiosity plays in wellness behaviors of Adventist college students. Presented at the 2019 Nurture and Retention Summit.
- Ellen G. White, Education, Editions Vie et Santé, 1986, p. 229.
- GBD 2016 Alcohol Collaborators, “Alcohol Use and Burden for 195 Countries and Territories, 1990-2016: A Systematic Analysis for the Global Burden of Disease Study 2016.
Source : Dialogue