Skip to content Skip to left sidebar Skip to right sidebar Skip to footer

114 ans d’adventisme : de la liberté religieuse en Haïti

bible

Partager maintenant:

La liberté religieuse ou encore liberté de croire (selon la conférence générale des Adventistes) désigne le droit fondamental d’une personne de choisir et de pratiquer ou non, une religion donnée. Où en sommes-nous au regard de ce droit “subjectif” après 114 ans de l’existence du mouvement adventiste en Haïti ?

Max Guybert LYRON

Les clichés et stéréotypes font partie du quotidien de l’Haïtien. Le chrétien adventiste ne semble pas échapper à cette règle. Lorsqu’il s’agit de liberté religieuse, il est souvent plus facile de se situer en dehors de cette problématique à laquelle fort souvent, même trop souvent, nous attribuons — peut-être bien à tort — une étiquette fonctionnaliste.

Forte d’un demi-million de membres, la communauté des adventistes du septième jour célèbrent au mois d’août 2019 les 114 de présence en Haïti, une présence, dit-on, marquée par le respect de la liberté religieuse, que d’aucuns attribuent à la liberté de conscience. Au fil des ans, ce sont désormais 5 missions et une fédération qui, à travers des départements spécifiques, s’évertuent à la promotion de la liberté religieuse en Haïti.

Les responsables se félicitent des avancées et actions en ce qui concerne cette liberté pour le moins controversée. Si une association haïtienne de la liberté religieuse a vu le jour, si des plaidoyers et démarches sont introduites auprès des autorités académiques, notamment en ce qui concerne le principe d’accommodation raisonnable envers les étudiants (…), nous devons être conscients que beaucoup reste encore à faire pour une compréhension suivie d’application de ce 18e impératif du plan stratégique 2015-2020 que suivent les dirigeants de l’œuvre.

Un fait demeure. Il fragilise les réflexions. Il pourrait être introduit par une approche intrinsèquement dialectique, mais nous nous évertuons fort souvent à le réfuter adroitement par la réthorique. Il est éminemment culturel. Haïtien. Il concerne l’attitude de l’adventiste face aux autres religions. Et c’est justement lorsqu’il s’agit d’une religion comme le vodou que cette phénoménologie intervient.

L’Eglise Adventiste du Septième Jour croit fermement en la liberté religieuse pour tous. C’est la conscience personnelle, et non le gouvernement, qui doit dicter le choix d’adorer – ou non.

Conférence générale des Adventistes du Septième Jour

Cette appréciation empirique pourrait bien se prêter à une réflexion dialectique faisant intervenir purement et simplement le Christianisme face aux croyances parallèles. Elle introduit une question qui nous laisse perplexes : comment articuler une démarche analytique se rapportant à la liberté religieuse aux limites des prérogatives “évangéliques” quand les construits socioculturels limitent, par leur nature même, les réflexions qui devraient contribuer à l’épanouissement de la liberté religieuse, dans un Etat qui se réclame de la laïcité ?

Dans cet ordre d’idées, la contradiction semble inévitable. Et au quotidien, cela se voit, se vit et se consomme. Le chrétien est le peuple élu, le sacerdoce royal… Il restera indifférent, parfois regrettablement répulsif à l’endroit d’un fervent catholique… Il n’assistera pas à un culte vodou. Un peu moins difficilement à un service d’adoration d’une dénomination différente. Chaque religion se considère suffisante, comme disposant de la vérité absolue. Au risque de compromettre le respect qui doit nécessairement maintenir les ciment de la laïcité, et conséquemment, la liberté religieuse. Au demeurant, il serait irresponsable de généraliser à l’absolu (…)

Aujourd’hui, notre inconfort est manifeste devant la participation de certains de nos dirigeants à des activités sociales faisant intervenir des politiques ou responsables d’autres dénominations. Nous continuons d’exercer une prétention répréhensible envers les pratiques d’autres sectes ou religions dans l’exercice de “leur” ministère. Nous oublions parfois que l’unité doit sortir la diversité. Une unité non sectaire, mais active et parlante, et qu’il faut bien saisir.

Comprendre la nécessité de vivre la liberté religieuse par la pratique implique de se laisser guider par l’esprit d’ouverture au cœur des évangiles. En effet, le principe de tolérance transcende la dichotomie qui prohibe une réflexion et un dialogue ouverts autour de la liberté religieuse. Cette ouverture passe par une nécessaire manifestation d’amour, de compassion et de transformation.

Cet amour vrai, inconditionnel, et sans préjugé ouvre la voie aux échanges et au partage des croyances, permettant ainsi de vivre la réalité de l’Evangile comme nulle part ailleurs. Le premier moment de la religion.


Partager maintenant: