Un employé d’une institution chrétienne âgé de plus de 60 ans mort, sans sa retraite
Dans la capitale haïtienne, un homme dans la soixantaine est décédé dans son travail, le mardi 4 février 2020. En dépit de ses plus de 30 ans de service dans une institution chrétienne, il n’a pas été retraité.
Tôt, mardi matin, le sexagénaire était venu travailler. Après être tombé d’un tronc d’arbre sur lequel il était assis, il a été transféré d’urgence à l’hôpital. L’intervention d’un médecin ne lui a pas empêché de dire son au revoir, a-t-on appris.
Il a donné toute sa vie à s’occuper du groupe électrogène de l’institution où il bossait (Il n’a sans doute même pas joui d’un jour de congé) dans des conditions précaires. Comme un soldat tué sur le champ de bataille, ce vieil homme est parti, les armes à la main, en dépit de ses déficiences physiques. « C’était un bon garçon. Très sympa », témoigne un autre employé.
Il y a environ deux mois, le défunt se plaignait déjà de sa vieillesse qu’il voit venir sans pouvoir la repousser. Des démarches ont été entreprises auprès de ses supérieurs, rien n’a été fait pour sa retraite, nous confia-t-il avant son décès. « J’ai déjà à plusieurs reprises demandé ma retraite mais on me l’a jamais accordée », regretta l’homme qui faisait à peine 1 m 85.
Si les employés des institutions publiques peuvent partir à la retraite après 25 ans de service, dans certaines institutions chrétiennes, cela fonctionne différemment. Selon plusieurs sources, la boîte pour laquelle travaillait le pauvre homme pose deux conditions pour avoir droit à la retraite : 1) l’ouvrier doit fournir au moins 15 ans de service. 2) L’employé doit être âgé au moins de 63 ans. Ces principes sont établis par des autorités chrétiennes mondiales. Mais prend-on en compte « l’espérance de vie » des personnes dans chaque pays (y compris Haïti) devant les appliquer ?
Où est passée la fraternité (chrétienne) ?
En Haïti, travailler est un luxe. Quel que soit le traitement. Certaines administrations n’apprécient même pas les efforts de leurs ouvriers. Ces derniers, poumons des institutions, peinent toujours à avoir une rémunération raisonnable. Par peur d’être renvoyés, ils ne peuvent protester voire exiger une augmentation de salaire. Qui pis est, leur retraite n’est pas prise en compte. Le « aime ton prochain comme toi-même » n’existe (presque) pas dans les institutions chrétiennes.
Retraité, un autre soixantenaire est décédé, lundi 3 février, après avoir longuement attendu une pitance de ce qui lui était dû. Cet homme de 66 ans a passé toute une journée en attente d’un chèque de 5 000 gourdes des fonds de sa retraite, reçu malheureusement trop tard. La banque était déjà fermée. Hélas ! Il n’a pas pu endosser son petit chèque. Tout désespéré (probablement très affamé) il est rentré chez-lui. Tôt le lendemain, la nouvelle de sa mort a parcouru toute la zone. Tous ses efforts ont été vains.
Aimons-nous vraiment les uns les autres ?
Dans le système capitaliste, la force de travail de l’employé, le profit…c’est tout ce qui importe pour les patrons. Des conditions de travail, de la santé…de l’ouvrier, ils s’en fichent. Tout se base sur l’exploitation du travailleur. Et le constat n’est pas différent dans certaines institutions chrétiennes. Cependant, on prêche la fraternité, l’amour…aux membres. « Bien-aimés, aimons nous les uns les autres; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour ». À bien lire ces paroles de 1 Jean 4: 7, 8 on peut conclure que l’amour du prochain est absent dans ces principes ne visant que la destruction des êtres humains au profit des autres.
Dieu n’a pas créé l’homme pour vivre dans ces conditions. Admettons que le péché a dévasté le monde parfait qui a été créé. Donc, toutes ces inégalités sociales qui existent sont de l’homme. Et l’on veut faire croire que Dieu revient bientôt. Qu’avez-vous fait pour cela ?
Voir mourir des enfants de Dieu de la sorte est écœurant. Il est grand temps d’agir comme si l’amour de Dieu était en vous.
Ces deux braves hommes sont partis pour l’éternité, juste parce que leurs frères et sœurs n’ont pas pris soin d’eux. Pauvres eux qui n’ont plus droit qu’à un « Quel repos céleste », inscrit dans nos chants de Louange et d’Espérance. Des livres remplis de chants d’amour, que nous refusons de pratiquer.
Texte d’un chrétien humaniste
Source : La Nouvelle